Limites n La création artistique en Algérie se résume le plus souvent à la peinture. L'exposition qui se tient au pavillon «A» du Palais des Expositions de la Safex (Pins Maritimes) démontre, incontestablement, l'existence d'un nouveau type d'art qui, jusque-là, n'est pas mis en valeur. Un art à part entière, intégral, achevé et accompli en soi. Un art qui comprend ses attributs essentiels. Si le design n'est encore pas médiatisé, vulgarisé et pris en charge comme étant tel par les instances concernées à travers des expositions et des manifestations privilégiant une émulation créative, c'est seulement parce qu'il y a une profonde méconnaissance de la chose en soi et des enjeux artistiques et économiques que peut revêtir le design. «Le design se présente comme un facteur économique avant d'être artistique», explique Réda Ighil, designer et exposant. Autrement dit, le design est générateur d'emploi et porteur d'une économie active et véhicule d'une culture moderne et novatrice. Promouvoir le design et le développer, cela ne revient ni aux institutions culturelles ni même aux collectionneurs d'œuvres d'art. «Le design est l'affaire des industriels et du patronat», souligne Réda Ighil, et de poursuivre : «C'est à eux qu'il faut s'adresser pour obtenir un parrainage ou un sponsoring en vue de financer et concrétiser des projets.» Cela revient à dire que le design, et cela contrairement aux formes artistiques, telles que la peinture, la sculpture ou encore la photographie, se présente comme étant un projet qui exige un lourd investissement et qu'un designer, seul, ne peut le porter. D'où le concours des détenteurs des capitaux. Le design est une affaire collective. Tout le monde est concerné, aussi bien les groupes d'industriels que les particuliers. C'est une question de goût, de culture et surtout d'éducation. Le design n'est pas seulement une idée, ou une simple représentation graphique de celle-ci sur un papier et que l'artiste, le designer, s'en va exposer dans une galerie d'art ou un musée et en tirer profit à l'issue d'une vente. Mais il est un concept, un plan. Il est la matérialisation d'une notion, et ce processus ne peut se faire qu'à l'aide de matériaux qui consistent à mettre en œuvre les intentions créatives de l'artiste. Le design se révèle alors un projet certes artistique, puisque l'œuvre conçue revêt des dimensions esthétiques, mais en même temps il a des vertus économiques, parce qu'il est fonctionnel. Le design est pratique, utilitaire. On le retrouve dans notre vie quotidienne. C'est un art au quotidien et qui, de surcroît, aide, si l'en on tient compte, à améliorer notre vie de tous les jours. Il peut être une simple chaise comme il peut être l'aménagement intérieur d'une maison. Il y a le design intérieur comme il y a le design extérieur, c'est-à-dire cette manière de faire que l'on retrouve dans le décor urbain. Et pour parvenir au bout de ses projets, un designer ne fonctionne jamais en solo. Il fait appel à d'autres corps de métier, tels les artisans. Car un designer pense, imagine, conjugue, compose et propose, alors que les artisans, eux, fournissent les outils de travail, les matériaux nécessaires à une meilleure réalisation de l'œuvre appropriée. Le design est tout un corps de métier : il y a d'abord le designer qui est le concepteur, le meneur ou porteur de projet, et il y a ensuite les autres. Le design est un laboratoire où l'on fait travailler des artisans, confronter des idées et expérimenter des matériaux.