La passion de Rédha Ighil est le design. Son rêve est d'être reconnu à l'échelle internationale. Diplômé de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger, Rédha Ighil a de tout temps été attiré par le dessin. Une discipline qu'il s'est plu à aiguiser à l'adolescence en esquissant des voitures de course et des bus de toutes sortes. « Ce qui me fascinait le plus, explique-t-il, c'était cette beauté qui a une célérité. A l'époque, les bus étaient austères. Il n' y avait aucune recherche. » Sa détermination de réussir était telle qu'il envoya quelques croquis de ses dessins à la firme automobile Volkswagen en France. En retour, il reçut une boîte de feutres « Rogh », accompagnée d'une correspondance l'encourageant à poursuivre sa voie. Rédha commence en tant qu'amateur à réaliser de petits logos. A 17 ans, il se fait une spécialité en décoration en vitrine. En1998, il intègre l'Ecole des beaux-arts d'Alger sur concours pour en ressortir, cinq ans plus tard, avec un diplôme en aménagement. « Déjà, à l'époque, confie-t-il, je travaillais en free-lance en qualité de graphiste et de designer dans plusieurs agences. » En 2002, il crée une petite entreprise privée spécialisée dans le design en aménagement et le graphisme. En 2003, il réalise ses premières références en graphisme en concevant le logo-type de l'Agence de presse algérienne, suivi d'une collaboration avec un groupe de boissons algérien. Rédha Ighil révèle qu'à ses débuts le graphisme n'a été qu'un tremplin. « Beaucoup de personnes confondent entre design et graphisme. Nous n'avons pas ce vrai culte du design. Ce n'est que maintenant qu'on commence à vulgariser cette discipline. » A la question de savoir ce que pense l'artiste du mobilier qui se trouve actuellement sur le marché national, il estime que c'est une édition sauvage. « Certains commerçants se servent de bois avec des papiers recyclés. La contrefaçon occupe une place de choix. » Pour Rédha Ighil, le design existe à travers des initiatives isolées. Son rôle est de provoquer le changement. Après avoir exposé en 2002 en France, l'artiste participera, demain 4 mars, au Musée d'art moderne algérien (Mama) à une exposition collective intitulée « Maghreb, nouveau design ». Il présentera une chaise en plexiglas baptisée « Mudo ». Une chaise qu'il a mis une année et demie pour réaliser à un coût de revient trois fois moins cher. Rédha a travaillé avec une matière qu'il ne connaissait pas. Cependant, il a été soutenu par un artisan. Le concepteur de ce prototype avoue qu'il s'est effacé devant l'objet en utilisant cette matière transparente. Il révèle qu'il a donné naissance à un objet utilitaire où les arrondis ont été bannis. Il espère que sa création sera commercialisée dans un avenir proche. Rédha Ighil espère créer l'événement, en cette année 2008, en organisant des expositions de design d'essence algérienne. Le designer veut être reconnu par ses pairs en Algérie. Bien qu'il ait été sollicité par des organismes étrangers, l'artiste est convaincu que son pôle de créativité demeure son pays natal. « A quoi cela sert-il de m'exiler pour devenir par la suite un anonyme parmi tant d'autres ? » Son rêve est de travailler via internet pour de grandes sociétés arabes et européennes.