Toujours, dans l'antiquité maghrébine, on utilisait parfois le scorpion comme talisman, ici, une sorte d'antidote contre ses piqûres. Saint Tertullien rapporte que les Berbères christianisés faisaient sur les blessures des signes de croix puis les frottaient avec le corps écrasé de la bête. Dans l'Algérie moderne, on confectionne des herz (amulettes), avec des scorpions morts, enveloppés dans un morceau de tissu et porté en pendentif. On a gardé, avec l'Islam, cette habitude de se protéger des bêtes nuisibles par des talismans. Le Rawdh al qirt'as rapporte qu'autrefois la coupole qui surmontait le mih'rab de la mosquée d'Al Qaraouine, à Fès, portait des talismans. Un de ces talismans représentait un oiseau saisissant dans son bec un scorpion, sans doute pour protéger la mosquée de cette bête. Un autre talisman avait la forme d'un globe et était destiné, lui, à éloigner les serpents. Au XIXe siècle, on pouvait encore voir dans la grande mosquée de Kairouan, en Tunisie, l'image d'un cyprès qui, d'après les habitants, figurait une vipère : l'image protégeait la ville des reptiles. C'est là une croyance universellement répandue que l'image d'un animal dangereux ou nuisible protège de cet animal ou du moins le tienne éloigné.