Expédition Hafed, accompagné de sa femme Sana, part avec Brahim et Fateh, ses amis d?enfance, pour une randonnée dans le Grand-Sud. Sachant lire et écrire et n?attendant chaque année que leurs congés, économisant sou par sou pour pouvoir se payer cette grande tournée dans le Sud qu?ils commencent de Biskra, la ville des Zibans, pour la terminer à Djanet, en faisant un énorme détour souvent dans des avions qui font la navette entre les grandes agglomérations du désert par Djelfa, El-Bayadh et Adrar. Prudents, les quatre amis ne prennent jamais la route sans guide sur les petites distances qu?ils effectuent en Land-Rover ou à dos de chameau. Ils sont fiers de cette étape qu?ils viennent de réussir seuls, se fiant à leurs seules compétences, partant de Timimoun en direction des montagnes d?Ighzer. Dès l?aube, ils avaient suivi la direction indiquée par le guide qui leur avait à maintes reprises proposé de les accompagner, mais les quatre aventuriers avaient poliment décliné l?offre, décidés à «voler de leurs propres ailes» et à tester cette intuition du désert que, selon les natifs de la région, n?acquièrent jamais les «gens du Nord». Quelques heures seulement après leur départ, ils avaient aperçu de loin les trois massifs, tels que le guide les avait décrits : un en pointe vers le ciel, le deuxième large et plat au sommet et le troisième rond comme un ballon. Hafed sort de sa rêverie et finit son café, devenu froid. Sa femme, vêtue d?un ensemble de lin écru, vient le rejoindre. «Tu es pensif, Hafed. A quoi songes-tu ? ?Bof, à rien ! Plutôt si? Toute cette beauté autour de nous... Nous sommes vraiment des privilégiés.» Il fait un large geste, embrassant le désert devant lui et derrière, le massif des Ouled Saïd dont ils aperçoivent les premières anfractuosités comme des petites grottes sombres, creusées par l?érosion. Les autres les rejoignent, curieux. «Que regardez-vous avec tant d?attention ? ?Ces trois montagnes, commence Hafed. Elles sont vraiment étranges, perdues au milieu du désert, comme un phare qu?on aperçoit de loin... On dirait qu?elles sont là exprès pour servir de repère aux voyageurs ... Vous ne pensez pas ?» (à suivre...)