Sacrilège n Cimetière plus que centenaire juste à l'entrée de la vieille ville de Blida par le nord-est, Sidi Hallou offre l'image d'un orphelin à la veille du mois sacré du ramadan. Ce cimetière historique où nombre de sages de la ville sont enterrés, ressemble à un dépotoir. Aucun entretien, à l'intérieur comme à l'extérieur. Et pourtant, nombre de martyrs et d'anciens résistants honorent cette terre au piémont du Tell. Mohamed Touri, Mahfoud Boucebci, M'hammed Yazid, et tant d'autres sont là. Mohamed Merrah, le premier manifestant à Blida pour l'indépendance du pays lors des événements du 8 mai 1945, y a été enterré par sa famille et ses compagnons du PPA. Cheikh Zoubir, Dahmane Benachour également et des lignées de personnes valeureuses habitent désormais cet espace. A Sidi Hallou, le jasmin quitte les tombes. Des stèles, œuvres d'art finement ciselées en marbre blanc de style, andalou sont brisées. Des personnes affirment même que certaines dalles tombales se retrouvent dans les nouvelles cuisines de familles inconscientes du sacrilège porté contre leurs semblables. Pourtant, les morts imposent le respect. Depuis de nombreuses années, les responsables élus de la commune qui défilent au siège, promettent une prise en charge de l'entretien mais rien n'est fait. Quand les pluies sont là, pratiquement toutes les étroites allées sont inondées et les visiteurs ne peuvent qu'enjamber les tombes des morts, piétinant ainsi plantes et fleurs. Faut-il taire la présence de troupeaux de brebis, de moutons et d'agneaux paissant librement, nullement inquiétés par des employés pourtant payés pour veiller sur la quiétude des morts ? Chaque jour qui passe fait découvrir davantage les dégâts subis. Mais qui s'en inquiète ? Que dire encore lorsqu'un registre des personnes inhumées n'existe pas ou lorsqu'il est su qu'un des responsables de l'apc de Blida passe quotidiennement devant le long mur de clôture et donc devant la piètre image de l'entrée du cimetière ? Les morts n'imposent-ils pas de la considération ? Un cimetière doit être entretenu au jour le jour et celui de Sidi Hallou devrait l'être davantage pour ce qu'il renferme comme histoires de familles, notamment celles originaires de cette ville dite «des roses». A chaque enterrement, les citoyens font remarquer le laisser-aller mais cela suffit-il ? Les autorités communales avaient bien parlé d'un plan de redressement de la situation mais les promesses ne sont pas suivies d'effet. A l'extérieur, c'est une véritable décharge publique, notamment les vendredis, jour de marché, où aucun service ne prend en charge le nettoyage jusqu'au lendemain, «offrant» à la vue de tous l'image d'un dépotoir.