Le cimetière de Sidi M'hamed, attenant à la rue Belouizdad, est l'un des plus anciens de la capitale, selon le chargé de sa gestion. Saïdj Badreddine, rencontré sur place. Ce cimetière familial, pour reprendre les termes de M. Djakhnoun, directeur de l'Etablissement public de gestion des pompes funèbres et cimetières d'Alger (EGPFC), a été ouvert vers les années 1890. Encore fonctionnel, le cimetière de Sidi M'hamed est arrivé à saturation au lendemain de l'indépendance, puisqu'il fut un lieu où sont inhumés plusieurs chouhada dont Aïssat Idir et Hassiba Ben Boulaïd, héroïne de la Bataille d'Alger. Ce cimetière, repérable grâce au minaret élancé de sa mosquée de style arabo-mauresque dans laquelle se trouverait le qbar de l'illustre saint patron de la zaouïa Rahmania, dispose de deux entrées en fer forgé, dont une est ouverte et l'autre fermée, donnant sur une ruelle exiguë de Belouzdad. Il est aménagé en 6 carrés d'inégale importance. Le plus étendu reste le carré 1 courant tout au long du mur nord avec 1481 tombes, suivi respectivement du 2, du 5, du 3, et enfin du 6 ou la tobia pour les connaisseurs. Chaque carré, assure notre « guide », a sa spécificité acquise au fil du temps. On y inhume, par affinité régionale et par lignage. Se promener dans les allées, c'est s'enfoncer dans le temps. Ainsi, une grande famille originaire de la Haute-Kabylie, disposant d'un mausolée, juste à l'entrée donnant sur la rue Belouizdad, accapare une grande portion entourant le sépulcre familiale. Aussi, les descendants d'un illustre industriel, qui a fait construire le mur de soutènement du cimetière, ont un caveau situé dans le côté nord. La tradition, bien ancrée chez cette illustre famille algéroise veut que l'on y enterre toujours les descendants du patriarche. Le fils prodige de la localité, dont l'avenue mitoyenne porte le nom, y est d'ailleurs enterré. Des agents des pompes funèbres s'activent toute la journée à entretenir ce cimetière. C'est ainsi que deux agents polyvalents et 2 agents de sécurité ainsi que 2 fossoyeurs, se relayant chaque semaine, travaillent sous la houlette d'un responsable désigné par l'Egpfc. Pourtant, des soucis, dont M. Saïdj nous en fait le résumé, causent des gênes à ces hommes de bonne volonté. Le problème qu'ils affrontent le plus souvent, est celui des mendiants. Ecumant toujours les lieux, surtout les vendredi et les jours des fêtes religieuses, ces derniers, en s'en allant, enfouissent leur paquetage entre les sépultures. Les gens se recueillant sur la tombe de leurs aïeuls n'y échappent pas. En ramenant des bouteilles d'eau minérale et autres, ils ne se gênent pas à les jeter, sans retenue aucune, par terre. Cette situation fâcheuse provoque l'arrivée massive des rongeurs, lesquels creusent le sol et « font bon ménage » avec les morts. Autre gêne, les arbres, plus que centenaires, qui s'affaissent et démolissent, dans leur chute, les sépultures. Les habitations ceinturant le côté sud du cimetière représentent aussi un véritable désagrément. Les occupants d'un fandouk transforment les lieux en dépotoirs, en y jetant des détritus et autres matelas. En dépit des sollicitations répétées des responsables, rien n'y fit, assure notre interlocuteur, affirmant que ses agents sont sur le qui-vive pour assainir les lieux. M. Djakhnoun atteste que des opérations d'élagage y sont effectuées périodiquement. Ce qui est pour le moins rocambolesque sont les incursions que font des femmes dans ce lieu sacré. Plusieurs d'entre elles furent ainsi surprises par M. Saïdj la main dans… la tombe. Par ailleurs, un fossoyeur vit avec toute sa famille depuis quelques années dans une bicoque qu'il s'est fait construire dans la partie nord du cimetière. Pourtant, l'ordonnance 75-79 de 15 décembre 1975 dans son article 3 est plus qu'explicite à cet effet. Aussi, M. Djakhnoun atteste que le problème des habitations se trouvant à l'intérieur sera assaini incessamment.