Mémoire Le cheikh Malek Rey a su adapter à Laghouat un style musical original. La plupart des musiciens interrogés estiment nécessaire l?enseignement de ce genre musical au niveau des établissements scolaires par des maîtres, ce qui constituerait, sans aucun doute, le moyen idéal pour sa vulgarisation, sans oublier la publication de manuels. Cela nous renvoie à la ville de Laghouat où notre enquête nous a permis de découvrir un style original que le défunt cheikh Malek Rey a su adapter, quoique tout le monde sache que la musique andalouse a ses bases à Tlemcen, Blida, Alger et Béjaïa. Au lendemain de l?indépendance, Malek Rey, de son vrai nom Mohamed Djoudi, se voyait prédestiné à une carrière artistique. Déjà, très jeune (15 ans), il quitta le domicile parental pour Tiaret où il apprit les bases de la poésie populaire et mystique, notamment de Lakhdar Ben Khlouf. Après la mort de son père, il tenta de gagner sa vie, mais l'altercation qu?il eut avec un policier colonial précipita son destin et l?obligea à quitter une nouvelle fois sa ville et ses parents en s?engageant dans l?armée où il fut affecté comme tambourin au 17e régiment de Chalon-sur- Chauvres. Au terme d?une absence de plusieurs années, il est libéré, ce qui lui permit de regagner le pays et d?assister au décès ? à la suite d?une longue maladie ? de sa mère. Cela l?incita, une fois de plus, à émigrer, cette fois, au Maroc, où il séjournera quinze années. C?est à cette époque-là qu?il va parfaire ses connaissances en musique auprès des maîtres El-Kitani, Kechachebi, El-Ghali et Abdessalem Kiati, tout en côtoyant Tahar El-Djazaïri qui lui conseilla le luth. Nanti d?une mémoire extraordinaire, Malek Rey a appris la majorité des maqamet utilisées dans la musique arabe. Cet intérêt l?incita à se rendre en Tunisie, en Libye et même en Syrie et en Egypte, plus précisément au Caire, pour approfondir ses connaissances artistiques. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il s?installa à Tlemcen où il poursuivra sa formation auprès du maître Mohamed Belhadj grâce auquel il améliorera ses connaissances. D?ailleurs, le style qu?il a imprégné au genre andalou était aussi proche du malouf, de la sanaâ d?Alger, que du gharnati de Tlemcen et même des mouachahate d?Orient. Un de ses fidèles élèves, en l?occurrence Tahar Lamri, dont Malek Rey disait qu?il était le plus doué et le plus apte à lui succéder, estime que son maître n?avait bénéficié d?aucun égard des responsables du secteur de l?époque. «Pour preuve, dira-t-il, en refusant d?enregistrer certaines de ses mélodies pourtant propres et valables, il réintégra sa ville natale, où il forma une troupe avant de prendre part, à la demande du ministère de l?Information et de la Culture, au 1er Festival national de musique classique, puis au Festival des chants populaires en interprétant deux qaçaïd style mouachahate. Malek Rey meurt à Laghouat en 1983, à l?âge de 81 ans, et tout est parti avec lui, car la continuité n?a pas été assurée, comme il l?espérait.