Signalons aussi que dans la tradition maghrébine, l'eau de mer est utilisée pour ses vertus. Des témoignages font état de rites magiques où l'eau de mer intervient. Au Ve siècle déjà, saint Augustin blâmait les femmes berbères qui, les jours de canicule, allaient se baigner toutes nues au bord de la mer : il faisait sans doute allusion au rite d'awussu, que nous évoquons plus bas. On signalait au début du XXe siècle, à Mazagran, sur la côte marocaine, un rite d'aspersion, à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd el-Kébir. Le nom de cette cérémonie, appelée hlilu, rappelle le mot lilu qui, selon les auteurs de l'antiquité, signifiait «eau» en libyque. Ces rites ont une fonction purificatrice, ils sont aussi destinés à prémunir contre les maladies de la saison chaude. La période d'awussu est la plus chaude de l'été. Ce terme, employé en Tunisie et en Libye correspond, en Algérie et au Maroc, à la période appelée ssmayem, sans doute de l'arabe ssem, (poison). Awussu, lui, est considéré comme la berbérisation du latin Augustus, (août), mais il est fort probable qu'il dérive du berbère awes (chauffer, être brûlant). Cette période caniculaire dure quarante jours. Les 20 premiers sont appelés tulu n awussu, la montée de awussu qui correspond aux plus fortes chaleurs avec un point culminant le 1er août julien appelé ass n awussu, et, en arabe, yum awussu, (jour d'awussu). Les 20 derniers jours, rju n awussu (l'abaissement de awussu) annoncent la fin de l'été et le début de l'automne. On y pratique divers rites dont les baignades en mer.