Les bûchers sont généralement alimentés de plantes. Les enfants et les jeunes gens sautent au-dessus des flammes. Dans certaines régions, on saisit des brandons et on les promène dans les maisons. On les fait passer sur les ustensiles, on les fait tournoyer au-dessus des malades… Le feu qui purifie les plantes et les arbres fruitiers, purifie aussi les maisons et les hommes. Le rite du feu s'accompagne du rite de l'eau, surtout dans les régions situées au bord de la mer où se baignent les enfants. On sait que saint Augustin, au Ve siècle, signale ces baignades rituelles chez les Berbères. Tout le monde, hommes, femmes et enfants allaient à la plage pour s'y baigner. Le théologien se plaignait de l'impudeur de ces baigneurs qui entraient dans l'eau dénudés. Le rite de l'Ainçra a été signalé hors du Maghreb, notamment en Egypte où le calendrier julien était en usage aussi bien chez les coptes que chez les musulmans. Des rites comme les feux de joie y ont été signalés par des auteurs tels que El ‘Abderi. Le jour de ‘Ainçra, appelé ici Khemis el ‘Ads, (Le jeudi de la lentille), les femmes brûlaient de l'encens. On faisait passer sept fois, au-dessus des fumées, hommes et femmes pour les préserver du mauvais œil, on y passait aussi tous les objets usuels pour assurer leur abondance. Selon les auteurs arabes, la fête de ‘Ainçra correspondrait encore au mihradjan, l'ancienne Fête du soleil des Perses.