Convivialité n Les soirées musicales de la chanson chaâbie organisées dans des cafétérias de la capitale, réapparaissent après une longue absence. A 22h la terrasse de la cafétéria Al-Bahdja située à Bab El-Oued est bondée de monde en cette soirée du ramadan. Toutes les tables – une soixantaine – sont réservées et toutes les chaises sont déjà occupées. Après de longues années d'absence due au terrorisme, les soirées musicales algéroises refont surface et ce, au grand bonheur des fans de la musique chaâbie, ces nostalgiques des qaâdate. La cafétéria Al-Bahdja est la première à reprendre ces veillées quotidiennes. Ainsi, chaque soir, après les prières de tarawih, des petits groupes se «ruent» vers cet endroit pour assister à ces qaâdate animées par des cheikhs du chaâbi venus de toutes les localités d'Alger et même d'autres régions du pays, telles que Blida, Boumerdès et Tipaza. En attendant l'arrivée des maîtres de ce genre musical, les fans sirotent des boissons et abordent différents sujets d'actualité. Outre le moment de détente et de plaisir que procure l'écoute des madihs, chants religieux, qsidate ainsi que le tawhid, cet endroit sert également de lieu de retrouvailles et de rencontre. A cet effet, le propriétaire de cette cafétéria, Rabah Assas, souligne que «le but de ces soirées n'est pas tout à fait commercial, en ce sens qu'elles permettent de réunir de nouveau les anciens amis, de tisser des liens entre personnes, mais surtout de préserver ce style de musique qui doit être légué aux jeunes générations». Des cheikhs du chaâbi et des amateurs défilent, chaque soir, sur la scène installée dans un coin de la cafétéria. «Ces soirées me rappellent celles qu'animaient nos brillants maîtres de cet art ancestral tels Al-Hadj M'hamed Al-Anka et le cheikhs Mustapha Nador dans des soirées aux cafétérias de La Gare et Malakov», affirme Kamal Ferdjallah, un des élèves d'Al-Anka. «Le chaâbi est un patrimoine national que les anciennes générations doivent transmettre», a-t-il poursuivi. «Jadis il n'y avait pas de télévision, alors ces lieux de rencontre étaient, pendant de longues décennies, les meilleurs endroits pour animer des soirées musicales et lancer les jeunes talents, les aider à se débarrasser du trac, mais surtout les encadrer afin de perfectionner leur prestation sur scène». De grandes figures du chaâbi ont également débuté dans des cafétérias. A cet effet nous pouvons citer Hadj M'rizek, Hadj M'nouar, Mustapha Nador et bien d'autres encore. Hier, c'était au tour du maître Boudjelab Rachid d'animer la soirée, puisant dans son propre répertoire et dans ceux des autres cheikhs. Ces veillées durent jusqu'à des heures tardives de la nuit, et sont chaleureusement bien accueillies par les férus de musique chaâbie.