Le café El-Bahdja, appelé aussi par les habitants de Bab El-Oued café du chaâbi, est un lieu hautement symbolique. C'est un endroit idéal pour les amateurs de chaâbi. Tous les nostalgiques s'y retrouvent. A l'occasion du ramadan, Ami Rabah, le propriétaire des lieux, n'a pas dérogé à la tradition. Cette fois encore, il a mis son café à la disposition des fans du chaâbi. Ami Rabah, comme on aime l'appeler, ici à Bab El-Oued, explique que ce café a une histoire très ancienne avec le chaâbi qui remonte à bien avant l'indépendance. De grandes figures de la chanson chaâbi à l'instar de Hadj Menouar, Guerrouabi, El-Hasnaoui, Chaou et la liste est encore longue, sont passés par-là. «Pour ce ramadan, chaque nuit, on invite un artiste ''cheikh'' pour animer une soirée musicale.» Le chaâbi, un genre musical traditionnel, ancré dans la mémoire collective de la société algérienne tient toujours une place un peu particulière ici à Bab El-Oued. Ici, comme le dit si bien un mélomane, durant le ramadan les gens respirent le chaâbi. C'est ce que nous avons bien constaté sur les lieux en écoutant le «cheikh» Abdelkader Charcham, l'invité de la soirée. Sur la terrasse comme à l'intérieur du café aucune chaise ou table n'est libre. Elles sont toutes occupées. Il faut venir avant le début de la soirée, c'est-à-dire avant 22 heures pour prendre place. La plupart appartiennent à l'ancienne génération. Ils sont silencieux, absorbés et nostalgiques en écoutant le «cheikh» chanter. L'artiste, entouré de ses musiciens et de ses fans dans un décor convivial et familial, chante au bonheur des dizaines de personnes présentes. Le public est largement conquis. Un baffle est installé sur la terrasse pour permettre à ceux qui sont à l'extérieur d'entendre les beaux morceaux musicaux choisis par «cheikh» abdelkader Charcham. «Il n'y a rien de commercial dans l'organisation de ces soirées», explique Ami Rabah. Cela fait partie des traditions des algérois.