Evidence Parler de cinéma, c?est parler aussi ? et surtout ? de salles de cinéma, ces lieux où le septième art, l?art de l?image et du son, se manifeste en belles tonalités. L?Algérie comptait, à l?indépendance, plus de quatre cents salles, toutes héritées de l?administration coloniale. Il se trouve qu?aujourd?hui il n?en reste à peine que le dixième. Triste ? et évidente ? réalité. Pis, la projection des films dans les salles obscures se fait en vidéo ou en DVD. Cela revient à dire que la qualité de l?image et du son est piètre, voire calamiteuse, cela en raison d?un matériel de projection qui ne répond pas aux nouvelles technologies et aux exigences modernes. Par ailleurs, toutes les salles restées ouvertes se trouvent dans un état lamentable : murs délabrés, sièges estropiés, crevés, sol crasseux, éclaboussé par des crachats visqueux, par les mégots de cigarettes ou par des bouts de chique. Une atmosphère glauque et un air vicié y règnent. Des odeurs fétides, infectes empestent les lieux. Même le public qui s?y rend est douteux. Les autres salles obscures sont soit fermées ou carrément détournées de leur vocation originelle : elles sont transformées par leurs propriétaires qui ne respectent pas les cahiers des charges en salles des fêtes. Les salles de cinéma, autrefois haut lieu de spectacle, sont en ruine, mal fréquentées, n?incitant point les cinéphiles ? ou même les amateurs ? à venir y voir un film. Elles sont travesties, clochardisées ; et l?absence totale d?une politique ?uvrant pour la réhabilitation des salles obscures fait perdurer leur état actuel. Une prise de conscience de cet état de fait a toutefois lieu au niveau des pouvoirs publics. Elle a particulièrement suscité l?intérêt du ministère de la Culture et de la Communication qui, en concertation et en coordination avec les autorités locales, à savoir les directions de la culture des différentes wilayas, envisage la rénovation et la restauration des salles de cinéma pour assurer une meilleure réactivation et un renforcement du réseau de distribution de films, notamment la promotion de la culture de proximité. Au niveau d?Alger, à titre d?exemple, l?Assemblée populaire communale (APC) a mis en place un programme de restauration de quatorze salles de cinéma. La salle L?Algeria a été restaurée. D?autres salles connaîtront le même devenir comme l?ABC ou comme Echabab (ex-Casino). Il se trouve cependant que la tutelle ne peut prendre, à elle seule, en charge la totalité des salles existant sur tout le territoire national. Le concours de partenaires privés est donc souhaitable. L?investissement privé doit contribuer à la remise en état des différentes salles obscures et à leur restituer leur vocation d?antan ainsi que leur prestige artistique. L?intérêt manifeste pour le secteur cinématographique ne doit pas se limiter à la récupération et la restauration des salles de cinéma en les dotant de matériels de projection moderne, mais il doit être aussi porté sur la création de nouvelles salles obscures (multiplex) répondant aux exigences modernes, multipliant ainsi les espaces réservés au septième art. Dans ce contexte, le Centre national du cinéma et de l?audiovisuel envisage de signer un accord de coopération avec l?Espagne qui, compte tenu de son expérience dans le domaine, possède une technologie de pointe et ce, afin de tirer profit de ses techniques et de son savoir-faire. S?agissant maintenant de la gestion des salles, le directeur du Cnca, Ahmed Bedjaoui, opterait pour le recours à la gestion privée conformément à un cahier des charges, ajoutant que le Cnca veillera à ce que le cahier des charges soit respecté selon les règles en vigueur. Le Cnca ?uvrera, par ailleurs, et en vertu des lois internationales, à interdire le piratage, précisant qu?un accord sur la promotion des droits d?auteur et de la propriété intellectuelle sera prochainement signé avec l?Organisation internationale du cinéma.