Constat n L'année 2007, notamment avec la manifestation de «Alger, capitale de la culture arabe», se révèle riche en productions cinématographiques et audiovisuelles. Autant de fictions, longs et courts métrages, que de documentaires sont déjà réalisés ou bien en cours de production avec le concours du département cinéma et audiovisuel de la manifestation. Une initiative louable venant manifestement redonner au secteur (de l'audiovisuel et surtout du cinéma) de l'entrain et l'arracher aussitôt, même si c'est à petits pas, du marasme dans lequel il végétait depuis déjà plus d'une dizaine d'années. Ainsi, nous comptons une vingtaine de fictions (longs métrages) inscrite dans le programme. La question est de savoir s' il y a une réelle dynamique cinématographique, s'il s'agit effectivement d'une renaissance du cinéma algérien, s'il existe visiblement une structure chargée d'entreprendre et de développer l'action et la production cinématographique. S'il y a enfin une volonté politique franche et durable de ressusciter le 7e art. Autant d'interrogations qui nous poussent à réfléchir sur la réalité du paysage cinématographique en Algérie. Les professionnels du cinéma nourrissent en tout cas l'espoir que l'exercice cinématographique en cours ne sera pas ponctuel, voire événementiel. Cependant, il est évident que la renaissance du cinéma algérien ne peut se résumer à une simple action quantitative et dans un contexte commun et occasionnel. Il n'y a pas seulement le problème de la réalisation ou de la production. La distribution et la diffusion, voire l'exploitation du produit cinématographique présentent également une carence. Il y a en effet très peu de salles de cinéma. On n'en compte qu'une dizaine à travers tout le territoire national susceptibles d'assurer une projection convenable. La plupart des salles de cinéma héritées de l'époque coloniale sont fermées pour vicissitudes ; certaines sont transformées en salle des fêtes ou autres espaces commerciaux, d'autres qui restent ouvertes au public n'offrent pas une prestation digne d'un spectacle cinématographique – techniquement parlant : image floue et son sourd. Il convient de souligner qu'un avant-projet de loi relatif à la cinématographie a été, il y a deux ans, tracé en concertation avec les professionnels par le ministère de la Culture. Il se trouve que cette loi demeure à l'état de projet. Le concret tarde à venir. Enfin, peut-on parler de relance de l'activité cinématographique alors qu'il n'existe pas contrairement aux pays à grande tradition cinématographique d'école de cinéma dont l'objectif pédagogique et pratique consiste à former des techniciens et des réalisateurs. Tout bien considérer, à défaut d'école, de salles, en somme d'un réseau fondé, substantiel et organisé, il est impossible de parler de culture ou d'industrie cinématographique. En l'absence d'une volonté qu'elle relève de l'ordre étatique ou d'une intention et résolution individuelle, voire privée, le chemin menant à une pratique pleine et rentable – culturellement et économiquement – reste long, tortueux et incertain.