"Projection" Le film fait le diagnostic du malaise qui ronge le cinéma arabe. La Cinémathèque algérienne a présenté, mercredi, au Musée du cinéma un film inédit réalisé par Nasser Eddine Benalia, intitulé Cinéma arabe : état des lieux. Il s?agit d?un film unique du moment où le regard posé sur ces cinémas est celui d?un cinéaste du Sud, donc arabe. C?est un regard dirigé sur soi et les questions qui y sont posées sont formulées à l?intention de soi. Le film a été tourné à l?occasion de la biennale des cinémas arabes qui a eu lieu à l?Institut du monde arabe, à Paris. Le film, de près d?une heure, est un documentaire faisant, d?une manière objective, un diagnostic du malaise qui, depuis quelques années, voire depuis plus d?une décennie, ronge le cinéma arabe exilé. D?ailleurs, ce film, qui met surtout l?accent sur le manque de considération envers les réalisateurs et cinéastes, rappelle l?absence d?une politique fiable et dynamique ?uvrant à soutenir et matériellement et socialement le cinéma qui est un fait culturel, un miroir à travers lequel se reflète l?image d?un pays, il est la description d?une société dans toutes ses dimensions et ses émotions, avec ses vérités et son imaginaire. Cette indifférence volontaire a engendré le mépris qui s?explique par une absence totale d?une politique aidant à revaloriser le septième art, c?est la raison pour laquelle le cinéma arabe, aujourd?hui, se fait, voire survit, grâce au soutien financier étranger. L?on parle aussitôt de coproduction. Le film, qui est un constat purement objectif, fait intervenir, tour à tour, bon nombre de réalisateurs et de réalisatrices arabes, comme Farid Boughedir (Tunisie), Danielle Arbide (Liban), Merzak Allouache (Algérie) ainsi que d?autres noms qui représentent, eux aussi, le paysage cinématographique arabe. Il va à leur rencontre pour discuter la problématique qui alimente les débats, à savoir : où en est le cinéma arabe ? Quelles sont ses perspectives ? Quels sont les engagements des réalisateurs, leurs aspirations ainsi que leurs rêves ? Il y a également une autre question soulevée dans ce film-documentaire, à savoir : y a-t-il une différence entre le cinéma d?un réalisateur et celui d?une réalisatrice ? Le film ne se veut pas porteur de solutions ou de réponses, mais plutôt aiguilleur, meilleur indicateur de la réalité des cinématographies arabes. Il tend à rendre compte des différentes difficultés que ces cinémas ont rencontrées lors de leur long parcours et à sensibiliser les autorités concernées.