Palmarès n Après son concert de la salle El-Mougar, Akli Yahiatène épate ses fans dans une soirée mémorable à Tizi Ouzou en hommage à ce monument de la chanson algérienne. Organisée par l'Orchestre symphonique national (OSN), «Da Akli» a, par un second souffle, enjoué jeudi dernier le public présent à la maison de la culture de Tizi Ouzou. L'animation de deux concerts consécutifs, qui se sont poursuivis jusqu'à une heure tardive de la nuit, est un indice témoignant, à lui seul, de la vitalité dont jouit ce chanteur, qui nargue les aléas de la vieillesse du haut de ses 76 ans : droit comme un I, tout pimpant, regard de lynx, le geste alerte et sûr, chevelure noire, sont autant de signes attestant d'une seconde jeunesse de l'artiste, celui-ci, pourtant, n'a pas toujours été gâté par la vie, pour avoir vécu un orphelinat précoce dans les montagnes du Djurdjura, avant de goûter à l'amertume de l'exil, avec en prime «un séjour dans les geôles coloniales» pour son engagement pour la cause nationale. Mais par son talent d'artiste, il a su transformer ses peines et privations en un précieux capital, incarné par une discographie de plus d'une centaine de chansons, dont des tubes immuables lui valent un succès éternel, et sont fredonnés toujours avec émotion par toutes les générations, plus de 50 ans après leur composition, tels que ‘El Menfi', un cri d'indignation poussé par tous les damnés de la terre, où qu'ils se trouvent, pour apprivoiser la douleur et dénoncer les bourreaux de tous les temps. Durant cette soirée, dirigée de main de maître par Rachid Saouli, chef d'orchestre de l'OSN, les spectateurs ont été transportés dans un monde imaginaire atemporel et hors espace par des mélodies, un florilège de son riche répertoire, tel que Priez sur le Prophète (QSSL), un air du ‘Dhikr' séculaire puisé des chants religieux du Djurdjura, avant d'enclencher par ‘Thamourth Idhurar', hommage à la terre des hommes, terreau de la bravoure et de l'air pur. Une grande partie des chansons portées au programme de cette soirée, a été consacrée au thème de l'exil, source principale d'inspiration des maîtres de la chanson classique algérienne. L'artiste a également, comme dans ‘Taous', rendu hommage à la femme algérienne pour sa beauté et sa capacité de résistance aux aléas de la séparation, contraignant les hommes à aller loin pour gagner leur vie, en confiant la garde de la famille à la femme restée au foyer. Lors de cette soirée, qui a duré plus deux heures dans une salle archicomble, le public a su admirablement accompagner l'artiste, en reprenant en chœur les refrains de chanson, sous l'instigation du maestro qui n'a pas hésité à esquisser sur scène des gestes de déhanchement, en signe d'invitation des spectateurs à la danse. Faute d'espace approprié à cet effet, beaucoup de jeunes se sont contentés d'effectuer des gestes sur place. C'est dire que le spectacle aurait gagné davantage s'il avait été délocalisé au stade Oukil-Ramdane, comme prévu et annoncé initialement. Akli Yahiatène a reçu un bouquet de fleurs des mains de son confrère Taleb Rabah, lui aussi septuagénaire.