Les ménages algériens se souviendront sans doute pendant longtemps de cette rentrée sociale 2009. Aux dépenses habituelles du mois de ramadan, sont venues se greffer celles de la rentrée scolaire, en attendant la part de l'Aïd el-fitr qui sera célébré demain ou après-demain. Le tout précédé par cette batterie de taxes instituées par la loi de finances complémentaire qui, au passage, a supprimé le crédit à la consommation, hypothéquant les projets de milliers de familles… Ces mouvements de protestation ont été décidés sur fond d'un marasme lié principalement à la chute du pouvoir d'achat des familles. Conscients, les protestataires voient loin et constatent déjà la complexité du calendrier des dépenses qui les guette. En effet, dans un rapport publié récemment, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) déplore que «les différentes politiques économiques ont grandement favorisé la déstabilisation et le désordre dans la politique des salaires par plusieurs paramètres». L'étude explique que la dévalorisation dramatique du dinar qui persiste pendant que les salaires sont restés pratiquement fixes, parallèlement à une inflation galopante ainsi que l'émergence d'un marché parallèle, sont les principales causes de ce désordre dû principalement à l'absence de mécanismes de régulation et de contrôle. L'Office national des statistiques (ONS) a fait savoir, dans son dernier communiqué, que le taux d'inflation, calculé sur la période allant d'août 2008 à juillet 2009, a atteint 5,4%. Comparativement à juin, le mois de juillet 2009 a connu une hausse vertigineuse des prix. Ainsi, les prix de la viande blanche ont augmenté de 25,9%, les œufs de 11,9% et la pomme de terre de 15,5%. Les produits alimentaires industriels ont grimpé de 0,9% tandis que les produits manufacturés et les services ont évolué respectivement de 0,3 et 0,9%. Une tendance haussière accentuée durant la première quinzaine de ramadan où les prix des produits de consommation ont connu une envolée scandaleuse due à une spéculation qui profite de cette période connue pour ses dépenses particulières. Une situation qui alimente le stress, sinon le désarroi, de millions d'Algériens qui se voient ainsi confrontés à une conjoncture dépensière particulièrement difficile du fait que, déjà précédée par la période des vacances et des fêtes, elle sera marquée par trois échéances de grandes dépenses en un mois, à savoir le mois sacré, la rentrée scolaire et l'Aïd el-fitr. Des rendez-vous qui s'annoncent durs devant une population qui, dans sa majorité, ne dispose pas d'un budget conséquent, alors que, selon les spécialistes, le budget vital mensuel d'une famille algérienne de 7 personnes se situerait autour de 24 791 DA. Du coup, la majorité des familles algériennes vit sous le seuil vital du fait que le Snmg est fixé à 12 000 DA et qu'un salaire de 25 000 DA est considéré comme élevé.