«Mon salaire couvre seulement mes besoins personnels», déplore Hamid, fonctionnaire. Quadragénaire, il est père de deux enfants. Discutant autour d'un café, Hamid avoue que, bien que cadre dans une importante institution de la République, sa mensualité ne dépasse pas les 25 000 DA, primes comprises. Un salaire qu'il juge «médiocre» vu le nombre limité des besoins auxquels il peut répondre, et ce, sans inclure ceux de sa famille qui vit à Tizi Ouzou. «Ces 25 000 DA suffisent seulement à mes besoins personnels à savoir, mes dépenses liées aux charges locatives, le transport, l'alimentation et les journaux», regrette-t-il. Mais qu'en est-il de sa petite famille ? Hamid nous révèle que s'il n'avait pas recours au système «D», il aurait quitté carrément son poste. «Heureusement que ma qualification (traducteur-interprète) me permet d'exercer en dehors des heures de travail au sein de l'institution, sinon je serai contraint de rentrer chez-moi et travailler dans n'importe quel domaine pour faire vivre ma famille», confie-t-il avant de lâcher : «Sachez que je connais des fonctionnaires qui sont obligés de sauter un repas pour économiser un peu d'argent et ce, au détriment de leur santé.» Telle est la réalité amère de milliers d'Algériens qui travaillent dans des conditions parfois inhumaines, à savoir assurer deux fonctions pour parvenir à joindre les deux bouts. Ainsi, pour notre interlocuteur, les salaires actuels ne peuvent même pas assurer un minimum vital. «Vu la cherté de la vie, un salaire décent ne peut être imaginé en dessous de 40 000 DA», estime-t-il.