Résumé de la 4e partie n Le capitaine a maintenant deux fous sur les bras… C'est à ça que vous servez, les gendarmes, à arrêter les honnêtes gens ? — Pendant ce temps-là, on viole et on brûle nos enfants ! — Vous avez intérêt à les retrouver vite, les fous, parce que si c'est nous, on ne les laissera pas vivre !... Le capitaine Leguellec en est parfaitement conscient. Face à cette situation extrême, il demande et obtient des renforts. Et les résultats ne se font pas attendre. Le lendemain, le second malade, le dépressif, est retrouvé à La Roche-Bernard, à une quarantaine de kilomètres de Vannes. Le docteur Lefaucheux ne s'était pas trompé sur son état : il s'était jeté dans la Vilaine et il a été sauvé par un passant. Après un interrogatoire de principe, l'homme est reconduit à l'asile. Il n'avait, de toute évidence, rien à voir avec l'affaire. Mais l'événement décisif a lieu le surlendemain, 13 octobre, une semaine après le drame. Pierre Joseph est arrêté à Lanvaudan, un petit village pas loin de Lorient. Il venait de casser la vitrine d'un boulanger, pour s'emparer d'un paquet de biscottes. Heureusement pour lui, un gendarme passait par là, sinon on ne sait pas ce qui serait arrivé, une foule vociférante s'étant aussitôt rassemblée. Le suspect est emmené sous forte escorte à Vercel. En le découvrant, le capitaine Leguellec est tenté, un bref instant, de donner raison au docteur Lefaucheux. L'homme n'a pas l'apparence du meurtrier sanguinaire qu'il attendait : tout maigre, hirsute et tremblant, il a l'air plus affamé et apeuré que terrifiant. Le capitaine n'est pas décidé pour autant à le ménager. Au contraire, dans ces cas-là, il faut toujours frapper un grand coup. Il conduit immédiatement le jeune homme sur les ruines de la ferme Gaboriau. Il compte sur le choc pour obtenir ses aveux. — Alors, tu es déjà venu ici ? Tu reconnais ? — Non, rien du tout. — Mais si. C'est là que tu as mis le feu. Avec quoi ? — J'ai pas mis le feu. — Alors pourquoi tu as volé des allumettes chez ta tante ? — Pour faire du café... Les autres gendarmes interviennent, les questions pleuvent. — Et l'enfant dans son berceau, qu'est-ce que tu en as fait ? — Je ne sais pas ce que vous dites... — Tu l'as noyé, comme ta cousine ? Tu l'as égorgé, comme ta mère ? — J'ai rien fait... — Dis-le et on te ramènera à l'hôpital. Rien ne sera changé, le docteur s'occupera de toi. Mais si tu ne veux pas répondre, tu iras en prison. On te jugera et on te coupera la tête ! L'interrogatoire se poursuit à la gendarmerie, mais il n'est pas plus productif. Pierre Joseph, très effrayé depuis qu'on a parlé de lui couper la tête, donne quantité de détails sur son escapade. Il raconte comment il a volé des pommes, comment il a tué une poule en lui tordant le cou, mais dès qu'il est question de la ferme Gaboriau, il nie obstinément. — C'est pas moi... J'ai pas mis le feu... Il est pourtant inculpé d'incendie volontaire, d'enlèvement et de meurtre. Il est incarcéré en attendant l'expertise psychiatrique qui pourrait le reconduire chez le docteur Lefaucheux. Ce dernier, d'ailleurs, est amené peu après à donner son point de vue sur l'enquête. Convoqué par le capitaine, il s'exprime avec la dernière énergie — Ce n'est pas lui. Vous faites fausse route ! — Comment pouvez-vous en être certain ? — Si c'était lui, il le dirait. Il a bien avoué qu'il avait volé des pommes et tué une poule... — Il y a quand même une différence ! — Pas pour lui. Il n'a pas conscience de la gravité de ses actes. S'il a fait quelque chose, il le dit. S'il nie, c'est qu'il ne l'a pas fait... (à suivre...)