«Talaq, talaq, talaq», un mot arabe répété trois fois dans un SMS, et Nodira, une jeune femme de 29 ans du Tadjikistan, a vu son monde s'écrouler. Ce SMS lui annonce que son époux, parti travailler en Russie, a décidé de divorcer. Dans la tradition islamique, cette formule lancée par un mari à son épouse suffit à mettre un terme au mariage, laissant cette mère seule en charge de ses deux enfants. «J'étais en état de choc après avoir lu ce message. J'ai d'abord cru à une erreur ou à une blague de mauvais goût.» Le cauchemar vécu par Nodira est aussi le lot de nombre de femmes au Tadjikistan, un pays plongé dans la misère, et que des milliers d'hommes ont quitté pour aller gagner leur vie dans d'autres pays de l'ex-URSS afin d'assurer la subsistance de leurs proches. Le temps passant, certains de ces migrants, ont recours aux messages instantanés pour dissoudre un mariage. Pourtant, cette méthode «moderne» de divorce n'est pas reconnue comme valide par les religieux, car le mari est censé prononcer la formule «talaq, talaq, talaq» en présence de sa femme. «Divorcer d'avec sa femme par SMS n'est pas acceptable et est en contradiction avec la loi islamique», a indiqué le chef du département d'études des décrets islamiques de Douchanbé. Le nombre des victimes de ce procédé n'est pas connu, vu que de nombreux mariages n'ont jamais été enregistrés et parce que la société tadjike place l'homme dans une position de domination.