Le mouachah est le produit d'une «interaction entre les cultures et les ethnies arabe, amazighe et espagnole dans la société andalouse», a affirmé le Dr Abdallah Hamadi de l'université de Constantine. Au cours d'une conférence qu'il a animée en marge du 3e Festival international du malouf, ouvert vendredi soir au théâtre de Constantine, le Dr Hamadi a mis en évidence les «trois principales étapes de la présence arabo-musulmane en Andalousie qui ont déterminé l'évolution du genre musical andalou». Cette période qui s'étale de l'an 711 à 1492, a été tout d'abord marquée par une période dominée par une gouvernance exclusivement arabe. Les dignitaires arabes descendant des Omeyades ont «essayé de recréer, sur place, le même type de société en important les us et coutumes et les traditions culturelles et artistiques de leurs ancêtres», a-t-il dit. Selon le Dr Hamadi qui est également chercheur spécialisé en civilisation et littérature arabes, cette étape qui n'a pris fin qu'au début du XIe siècle, a été notamment caractérisée par l'émergence du génie de l'art lyrique oriental de l'époque. Cependant, explique le Dr Hamadi, la seconde étape est «la plus importante» car elle a vu l'émergence d'un produit artistique nouveau engendré par la fusion de trois cultures différentes : arabe, amazighe et même locale, c'est-à-dire espagnole. A cette époque, les descendants directs des Mourabitine et des Mouwahidine, deux dynasties berbères originaires d'Afrique du Nord, ont supplanté les royautés locales (dites taïfas durant cette période d'anarchie) et pris le pouvoir. Le mouachah était alors devenu un moyen d'expression et de chant «moins rigide» et s'était ouvert à l'introduction du «zedjel», une sorte de poésie populaire chantée, ainsi qu'aux dialectes berbères et locaux dont notamment le romancero espagnol, un genre lyrique que les Andalous, devenus indépendants, qualifièrent alors de «musique chrétienne», a précisé le conférencier.