Déséquilibre n La réduction de la séance de cours de 60 minutes à 45 minutes ne représente, aux yeux des spécialistes du rythme scolaire, qu'un simple découpage du volume horaire de la journée de classe puisque sa durée reste fixe. Certes, le changement d'activité, toutes les 45 minutes, revêt une importance conséquente dans le maintien à un niveau élevé de l'attention et la concentration de l'élève, sachant que l'enfant ne peut fixer son attention longtemps sans relâchement. D'ailleurs, dans tous les pays qui ont un système éducatif efficace, la séance de cours dépasse rarement 45 minutes aussi bien au primaire qu'au collège. Néanmoins, une telle mesure si elle n'est pas accompagnée d'un allégement dans le volume horaire de la journée, ne peut, en aucun cas, aboutir à un résultat positif et encore moins représenter un outil de perfectionnement. Dans ces mêmes pays, le volume horaire annuel d'enseignement est réparti sur le maximum de semaines possible pour réduire le volume horaire hebdomadaire, mais aussi et surtout pour maintenir le nombre d'heures de classe par jour, inférieur à 6 heures. D'ou insistance des spécialistes des rythmes scolaires sur la nécessité de se concentrer sur l'allégement de la durée de la journée de classe, estimant que six heures de cours par jour c'est déjà long, surtout pour les élèves en difficulté. «L'enfant a besoin de régularité dans son rythme, ce n'est pas la semaine qu'il faut alléger, mais la journée», disait François Testu, psychologue chronobiologiste. Celui-ci trouve qu'il est aberrant d'admettre que les élèves de l'école élémentaire peuvent mobiliser leurs capacités d'attention pendant 6 heures de «contrainte» scolaire au cours de la journée. Du coup, nombreux sont les enseignants, spécialistes et parents d'élèves qui voient, en cette initiative de Benbouzid, une réforme «mi-figue, mi-raisin», qui ne change rien à la surcharge de la journée. Cette situation a fait réagir de nombreux syndicats du secteur de l'éducation. Le secrétaire général du Syndicat de l'entreprise des travailleurs de l'éducation (Sete) de la wilaya de Tizi Ouzou, Hacène Hamoutène, dans une déclaration à la presse, a fait savoir que son syndicat compte saisir le ministre de l'Education nationale pour le retour à l'ancien système existant avant le passage au nouveau week-end. «Le Sete exige le retour à l'ancien régime de repos, à savoir le jeudi soir et le vendredi avec une reprise du travail le samedi matin», a-t-il déclaré. Il estime que les élèves des zones rurales, notamment celles de la Kabylie, sont «victimes du nouvel emploi du temps qui induit une surcharge sur le volume horaire de la journée scolaire», d'autant plus que leur emploi du temps «contient trois heures de plus - consacrées aux cours de ‘'tamazight'' - par rapport aux autres régions ou cette discipline n'est pas enseignée», a-t-il expliqué. Ainsi, cette situation inflige des sacrifices à ces écoliers, selon M. Hamoutène qui déplore le manque dont souffrent de nombreuses communes de cette wilaya en matière de transport scolaire. Car, ajoute-t-il, ces écoliers n'arrivent pas à rentrer chez eux avant la tombée de la nuit, et ce, sans compter les dangers qui les guettent en parcourant les longues distances qui séparent leurs domiciles de l'école.