Retrouvailles n L'émotion est à son comble dans les lieux publics de Blida où la nouvelle a fait effet boule de neige : les deux anciens joueurs français de l'équipe de l'USMB sont revenus ! Tout le monde voulait les voir : Guy Zaragoci et Gérard Baldo, tous deux âgés de 72 ans, n'en revenaient pas. «Je n'aurais jamais imaginé que la mémoire blidéenne était aussi bonne», dira Baldo, le virevoltant ailier gauche qu'aimait bien lancer par une passe profonde le regretté Mazouza. Smaïn Laouedj a été à l'origine de ce retour «gagnant» et c'est l'Amicale des anciens de l'USMB qui, avec l'aide de l'APC de Blida, a pris en charge le séjour des deux Français. Réception «inopinée» avec la venue du ministre de la Jeunesse et des Sports à l'occasion de l'ouverture officielle du Championnat d'Afrique des nations de volley-ball samedi dernier, puis la réception le lendemain au siège de l'APC de Blida, des promenades dans les rues de la ville, notamment au souk, un déjeuner sur les hauteurs de Chréa, une rencontre sportive avec les anciens du club et ceux du MCA et l'organisation d'une réception dans la salle de l'hôtel Ansar avec une remise de cadeaux. il faut dire que tout a été fait en grand, notamment par les élus de la commune de Blida et les deux joueurs ont été émus devant tant de sollicitude. Zaragoci et Baldo n'ont pu retenir leurs larmes tant leur émotion était vive, au moment des retrouvailles avec d'anciens coéquipiers tels que Bouak, Kritli, Ousser, Chalane. Zaragoci revendiquera devant le président de l'APC son appartenance à cette ville où il est né et où est enterré son père. Il est parti en 1967 – pour être au chevet de sa mère gravement malade – lui qui a été enseignant d'éducation physique dans les deux lycées de l'époque : El-Feth et Ibnou Rochd. «Je ne savais pas que j'avais enseigné à autant de personnes, toutes celles qui m'ont accosté, me précisaient qu'elles avaient été mes élèves», dira Zaragoci. Baldo était déjà venu au mois de juin dernier et, cette fois, pour son retour, il est accompagné de sa femme et de sa belle-sœur. «J'ai voulu leur montrer combien l'amour et l'estime sont forts chez les Algériens. Je ne suis resté que trois années à l'USMB, mais on m'a rappelé des tas de souvenirs et tout le monde me considère comme un enfant du club», a déclaré Baldo qui n'a pu poursuivre ses impressions, car étouffé par l'émotion. Il a enseigné avec son épouse du côté de Rovigo, au douar Labazize où il comptait passer la journée d'hier. Quant à Zaragoci, le gardien volant de l'USMB, il devait retourner en France en promettant de revenir un jour. A la réception offerte à l'hôtel Ansar, lundi soir, on pouvait remarquer la présence de joueurs des anciennes générations, différents présidents du club ou l'actuel, Zaïm, qui fera une brève apparition. Douidène, Selimi, Djeguaguène, Zouad ainsi que les anciennes gloires tel Ahmed Arab ; Betrouni, Bachi et tant d'autres qui ont tenu à revoir ces deux joueurs qui ont tant aimé leur club. Les séances photos ont battu tous les records alors que des fanions présentant d'anciens joueurs et d'anciens présidents étaient distribués. Zaragoci recevra un plateau en cuivre sculpté avec les têtes de l'équipe fanion des années post-indépendance ; il n'a pu articuler que «tahya l'Usmb». Zaragoci était un spécialiste des penaltys l Zaragoci était célèbre pour ses arrêts de penaltys, le plus remarquable a été, sans doute, celui réalisé à la dernière minute contre Meziani et l'USMA au stade El-Anasser alors que l'USMB menait 1-0. Tout le monde se précipita vers la sortie en pensant que ce serait un match nul, mais Zaragoci a regardé Meziani dans les yeux en lui disant : «Tu vas me donner la balle bien gentiment dans les bras !». Et il arrêta ce tir à ras de terre. Par ailleurs, Zaragoci nous confie que «l'imprimerie de son père située à la rue d'Alger (rue des Martyrs aujourd'hui), devait imprimer le premier numéro de l'indépendance du quotidien El Moudjahid ; j'ignore encore ce qui s'est passé parce que ça n'a pas eu lieu.» Baldo, footballeur, enseignant et infirmier l Baldo avait une vitesse phénoménale. A Blida, on le comparait au train rapide de l'époque appelé Lennox. Dans les années 70 tout Blida avait appris son décès dans un accident de la circulation en France, mais c'est avec une grande joie, quand on sut que la nouvelle était sans fondement. L'ancien attaquant nous dira : «J'enseignais avec ma femme au douar Labazize près de Bougara. On venait me chercher pour jouer et on me ramenait ensuite.» Il rappelle aussi que dans ce douar, outre sa profession d'enseignant, il était souvent sollicité pour prodiguer des soins, des injections particulièrement, à la fin des cours, chaque jour, il rendait visite à «ses malades». Zaragoci : «Blida est ma ville natale» InfoSoir : Comment avez-vous perçu ces retrouvailles ? G. Zaragoci : Si je parle d'impression première, il y a beaucoup de monde autour de nous. On ne peut pas décrire l'intensité de ces moments. C'est un ensemble d'images, une lecture dans les visages des gens rencontrés, ces yeux qui brillent… Qui est à l'origine de votre incorporation à l'USMB ? Belkacem Chalane était venu me voir et m'avait proposé de signer pour le club. J'y suis resté jusqu'à mon départ en 1967. Cependant, je garde jusqu'à ce jour le fanion remis individuellement à chaque joueur lors du tournoi organisé en 1964 à la mémoire de Frantz Fanon. (Zaragoci le retire de son sac et l'exhibe). Je n'aime pas garder des choses mais celui-là, si ! Un bon souvenir à raconter ? Ah oui, j'ai fait une bourde contre Tiaret en concédant un but et ce fut le défenseur Chalane qui a égalisé dans les dernières minutes et qui revint en courant vers moi pour me signifier qu'il avait corrigé cette faute. Mémorable ! Vous receviez des primes pour les victoires ... Oui, cela représentait quelque chose comme le 6e d'un salaire moyen, pas grand-chose. Mais on jouait beaucoup avec le cœur. Baldo : «J'ai retrouvé une grande famille» InfoSoir : Comment avez-vous vécu ce retour à Blida ? G. Baldo : Il y a de l'émotion. Nous vivons quelque chose qui transperce nos entrailles après tant d'années d'absence. L'esprit d'hospitalité qui caractérise les Algériens en général et les Blidéens en particulier ne se trouve pas ailleurs. Je n'en reviens pas d'une telle mémoire chez les supporters et les anciens de Blida. Lors de mon dernier passage au mois de juin, j'ai confectionné un album de photos que je ne cesse de montrer dans la région parisienne où je réside en mettant l'accent sur l'intensité des rapports qui me lient à la ville de Blida et au club. Je garderai toujours vivant le visage illuminé de mon ancien président, M. Attouz, à qui j'avais rendu visite en juin. Votre plus mauvais souvenir de l'époque à Blida ? Sans hésitation, notre défaite 2 à 1 en demi-finale de la Coupe d'Algérie contre l'ES Mostaganem durant la saison 1965/1966. La relation avec le club de l'USMB ? J'ai joué au Nedjma d'El-Affroun avant d'être à l'USMB. Le pays se construisait et l'USMB était une grande équipe avec un grand monsieur, Mazouza. Des coéquipiers extraordinaires comme Bouak, Kritli, Ousser et tant d'autres. Trois années inoubliables avec l'équipe. 42 ans après, de telles émotions sont uniques. On vous laisse terminer Blida m'a fait vivre des moments intenses que je n'avais plus ressentis depuis fort longtemps ; et voilà que ces jours reviennent avec autant d'émotion grâce à ces amis de toujours, à l'apport de personnes comme Smaïn Laouedj, Krimo Daïdi, Fayçal Bouhamed qui ont concrétisé ces retrouvailles. Je tiens à les remercier et rendre hommage à tous les Blidéens.