Palette n Une belle exposition écologique et verdoyante du plasticien argentin Manuel Cancel se tient à la galerie d'art Mohamed-Racim. Initiée par l'Union nationale des arts culturels, en partenariat avec l'ambassade d'Argentine à Alger, l'exposition, d'une quinzaine de tableaux, comprend des peintures d'une rare beauté. Certaines de moyennes dimensions, tandis que d'autres sont de grand format, comme pour mieux illustrer la nature et rendre son contenu saillant et accrocheur. Effectivement, les œuvres de l'artiste relevant du figuratif, interpellent, tant par la composition – c'est-à-dire les formes, les perspectives, les dimensions, les volumes ou encore les reflets – que par le choix des couleurs – la palette est quasi verte – et suscitent autant de curiosité que d'admiration. Le visiteur fait une halte à chaque peinture, l'examine de près, l'apprécie avec un sentiment d'exaltation et d'apaisement. S'exprimant sur ses peintures, Manuel Cancel dira : «Les gens ne regardent pas assez la nature. Je veux montrer dans mes tableaux que la nature est belle. J'ai envie de leur dire regardez, préservez la nature. Je pense que ça interpelle et stimule les consciences et que ça réveille chez les gens un sentiment positif, celui de la quiétude et de l'évasion.» L'originalité dans le travail de Manuel Cancel, marqué, d'une part, par la sincérité et, d'autre part, par la minutie, puisqu'il se montre précis dans son geste, est que l'artiste compose des peintures apaisantes et sereines. Exemple, dans le tableau Ocean Parc, l'artiste représente un bel arbre, séculaire et en harmonie avec le lieu où il est représenté, plongé dans un chemin boueux sur le littoral. Dans Grandes hierbas, une toile de grand format représente une étendue d'herbe infinie et verdoyante et dans la Mascata, on peut voir et admirer un bel arbre perdu dans un désert vert qui s'étend à l'infini. «La collection présentée comprend des arbres ainsi que des prairies peintes d'après nature en Argentine, en Uruguay, en France et en Espagne», a précisé le peintre. Ce qui est frappant d'une peinture à l'autre, c'est l'absence de l'homme sauf dans quelques œuvres où l'on peut deviner sa présence, et ce, à travers quelques silhouettes évanescentes ou ombres furtives. Toutes écrasées, reléguées au second plan par la verdure. Ainsi, la nature que représente l'artiste –imaginée ou inspirée, est authentique. Reproduite, elle est vierge, pure, propre et transparente. Même si le ciel n'est jamais clair, bleu limpide ou ensoleillé. Il est en effet nuageux, quelque peu obscurci, créant une douce mélancolie, une atmosphère spécifiquement lyrique. L'artiste accorde beaucoup d'importance aux effets des ombres et lumières afin, a-t-il dit de «donner plus de profondeur aux tableaux». Cela fait alors ressortir toute la beauté de la nature et permet de mettre l'accent sur la couleur (le vert). Toutes ces peintures sont composées tels des poèmes. C'est un pur moment de poésie. Et cela revient à dire que la nature devient à la fois sujet et objet de réflexion. Sujet, parce que la nature agit et vit. Objet, parce que Manuel Cancel nous invite à réfléchir sur la façon dont on peut la préserver.