Résumé de la 5e partie n Quarante minutes avant l'expiration de l'ultimatum, l'ambassadeur de France déclare qu'Israël accepte la négociation‡… On a accusé, par la suite, Israël de duplicité, mais les négociations étaient sincères. Elles auraient abouti si l'opération armée s'était révélée impossible... Les discussions commencent à Paris, puisqu'il en a été décidé ainsi, et sont confiées au conseiller du Premier ministre pour la lutte antiterroriste, le général Rehavam Zeevi, surnommé on ne sait trop pourquoi «Gandhi», car il serait plutôt un faucon qu'une colombe. C'est un personnage pittoresque, cultivant une image quelque peu fracassante, qui se faisait photographier naguère en compagnie d'un lion apprivoisé offert par le zoo de Thoiry. «Gandhi» n'est pas mis au courant des préparatifs militaires qui ont lieu en même temps, Yitzhak Rabin ayant jugé qu'il risquait sinon de manquer de conviction. Le conseiller prend l'avion pour Paris et rejoint l'ambassadeur d'Israël en France, qui mène la négociation depuis le Quai d'Orsay. Elle ne va guère avancer, les interlocuteurs palestiniens faisant preuve de la plus grande inconstance dans leurs exigences et leurs concessions. Mais d'autres discussions ont lieu en Ouganda, à la demande expresse d'Amin Dada, qui tient absolument à se mêler aux tractations. Israël lui a délégué Baruch Bar-Lev, ancien chef de la mission militaire en Ouganda, pour qui le président a gardé une grande estime. Leurs interminables conversations ne peuvent déboucher sur rien, mais contribuent à calmer le dictateur, qui, autrement, serait capable du pire. De temps à autre, celui-ci quitte sa capitale Kampala et se rend à Entebbe dans sa Mercedes noire, pour retrouver les otages et leur tenir des propos délirants : — Je suis en train de négocier votre liberté. Je suis votre sauveur ! Appelez-moi maréchal, président, docteur ! Mais les choses sérieuses se passent ailleurs, en Israël, au siège de l'état-major. L'intervention militaire, baptisée «opération Tonnerre», est confiée au général Dan Shomron, héros de la guerre des Six Jours, le premier à avoir atteint le canal de Suez avec ses troupes. Les soldats seront convoyés par des avions gros porteurs Hercules et se poseront sur l'aérodrome même. Il suffirait de placer des camions en travers des pistes pour qu'il soit impossible d'atterrir et que tout échoue, mais le général ne pense pas que les Ougandais le feront car ils n'imaginent pas qu'une intervention soit réalisable. Dan Shomron et l'état-major israélien disposent, en outre, d'atouts décisifs. Tout d'abord, ils connaissent parfaitement l'aérogare désaffectée d'Entebbe, pour la bonne raison que ce sont eux qui l'ont construite. Grâce aux plans qu'avaient conservés les entrepreneurs de l'époque, ils ont pu en réaliser une maquette qui permet d'envisager les différentes attaques. Ils savent tout : l'épaisseur des murs, la nature des sols, le sens dans lequel s'ouvrent les portes. De plus, ils ont pu recueillir le témoignage des nombreux otages libérés et avoir des renseignements, cette fois non plus sur le terrain, mais sur l'adversaire. Grâce à eux, les Israéliens peuvent connaître le comportement des sept pirates, l'endroit où ils se tiennent le plus souvent pour surveiller les prisonniers, le nombre approximatif et la position des soldats ougandais... Le samedi 3 juillet au matin, tandis que les négociations continuent pour donner le change, l'opération Tonnerre est décidée. Si elle réussit, ce sera une des plus risquées du genre. Il faut en effet parcourir 3 840 kilomètres, avec le survol de l'Egypte, pays hostile qui peut donner l'alerte. Et, sur place, il faudra combiner rapidité et puissance de frappe. (à suivre...)