Résumé de la 62e partie n Thomas jauge la distance qui le sépare de chez lady Tressilian et propose à Audrey de se s'y rendre à la nage… Le silence retomba. Tous deux se remémoraient cet épisode de leur jeunesse : la petite Audrey Standish - son nom de jeune fille -, gamine montée en graine et aux mollets comme des allumettes, avait voulu embrasser le vieux Bouncer qui s'était fourré une épine dans la patte. Fou de douleur, le chien lui avait infligé une vilaine morsure. Il avait fallu poser des points de suture. Mais il n'en restait plus guère de trace. A peine une cicatrice, quasi invisible. — La marque se voit à peine, mon chou. Pourquoi est-ce que tu t'en soucies encore ? Elle hésita avant de répondre, à l'évidence sincère : — Parce que... parce que je ne supporte pas le moindre défaut. Thomas hocha la tête. Cela correspondait bien à l'Audrey qu'il connaissait, à son instinct perfectionniste. Il est vrai qu'elle-même était si parfaite... — Tu es beaucoup plus jolie que Kay, déclara-t-il tout à trac. — Oh non, Thomas. Kay... Kay est vraiment ravissante. — Extérieurement, oui. Mais pas à l'intérieur. — Tu fais allusion à ma belle âme ? ironisa-t-elle avec gentillesse. Thomas tapotait sa pipe pour la vider. — Non. Je pensais à l'harmonie de ton squelette. Elle éclata de rire. Il recommença de bourrer sa bouffarde. Ils se turent pendant cinq bonnes minutes. Thomas, plus d'une fois, lança à la jeune femme de rapides coups d'œil, mais si discrètement qu'elle n'en eut pas conscience. — Qu'est-ce qui ne va pas, Audrey ? demanda-t-il enfin. — Qui ne va pas ? Mais de quoi parles-tu ? — Je te demande ce qui ne va pas. Il y a quelque chose. — Il n'y a rien. Rien, je t'assure. — Oh, si. Elle fit non de la tête. — Tu ne veux pas me le dire ? — Il n'y a rien à dire. — Tu vas me prendre pour une patate, mais il faut quand même que je te le dise... Il s'interrompit, le temps de ravaler sa salive. — Tu ne peux pas tout oublier, Audrey ?... Effacer tout ça de ta mémoire ? Ses petites mains se crispèrent sur le rocher qui lui tenait lieu de siège. — Tu ne comprends pas... Tu ne peux absolument pas comprendre. — Mais si, ma chérie, je comprends. C'est comme ça. Je sais ce que c'est. Elle le fixa, incrédule. — Je sais exactement par quoi tu es passée. Et... et ce que ça a dû représenter pour toi. La jeune femme avait blêmi. Elle se mordait les lèvres. — Je vois. Je ne croyais pas que... que quelqu'un puisse savoir. — Eh bien, si. C'est mon cas. Je... je n'ai pas envie d'en parler. Mais ce que je veux te faire bien comprendre, c'est que c'est fini, que le passé est mort et enterré. (à suivre...)