Résumé de la 36e partie n Lorsque Neville tend la revue à Audrey plutôt qu'à elle, Kay quitte furieuse le jardin et heurte Royde... Il vit ses beaux yeux s'écarquiller, ses lèvres s'entrouvrir. Elle sauta de la balustrade et vint à lui, mains tendues. — Oh, Thomas ! Cher Thomas ! Comme je suis contente que tu sois là. Il prit dans les siennes les deux petites mains translucides et s'inclina. Mary Aldin arrivait à la porte-fenêtre. Les voyant seuls sur la terrasse, elle s'arrêta net, les observa pendant quelques instants, puis se détourna et rentra dans la maison. A l'étage, Neville avait retrouvé Kay dans sa chambre à coucher. Dans la maison, la seule chambre munie d'un lit à deux places était celle de lady Tressilian. Un couple marié se voyait toujours hébergé dans deux chambres communicantes, avec une salle de bains attenante, sur la façade ouest. Elles formaient comme une suite isolée. Neville avait traversé sa chambre pour pénétrer dans celle de sa femme. Kay, qui s'était jetée sur son lit, releva un visage ruisselant de larmes. — Te voilà enfin ! s'écria-t-elle, furieuse. Ce n'est pas trop tôt ! — A quoi rime cette scène ? Tu es devenue folle ou quoi ? Il s'était exprimé d'un ton calme, mais le battement de sa narine trahissait la colère qu'il avait peine à maîtriser. — Pourquoi lui avoir donné l'Illustrated Review à elle et pas à moi ? — Tu n'es vraiment qu'une enfant. Alors, tu as fait tout ce drame pour un vulgaire magazine ? — C'est à elle que tu l'as donné, et pas à moi, répéta Kay. — Et pourquoi pas ? Quelle importance cela a-t-il ? — C'est important pour moi. — Je ne comprends pas ce qui te prend, Kay. Tu n'as pas à te comporter comme une hystérique quand tu es reçue chez des gens. On ne t'a jamais appris à te tenir en public ? — Pourquoi as-tu donné ce journal à Audrey ? — Parce qu'elle en avait envie. — Moi aussi, j'en avais envie. Et moi, je suis ta femme. — Alors, à plus forte raison, je devais le donner à quelqu'un de plus âgé que toi et qui, juridiquement parlant, est une étrangère. — Elle a marqué un point sur moi ! C'est ça, ce qu'elle voulait. Et elle l'a eu. Tu t'es rangé de son côté. — Tu parles comme une stupide gamine jalouse. Bon Dieu de bois, contrôle-toi, et tâche de te conduire convenablement en public ! — Comme elle, je suppose ? — Audrey, elle, sait se tenir comme une dame, répliqua Neville, très froid. Elle ne se croit pas obligée de se donner en spectacle. — Elle te monte contre moi ! Elle me hait et elle prend sa revanche. — Ecoute, Kay... Tu veux arrêter de sombrer dans un mélo ridicule ? Je commence à en avoir assez. — Alors, partons d'ici ! Partons demain ! Je déteste cette maison.