Résumé de la 61e partie n Ted avoue à Mary qu'il a été amoureux de Kay et qu'il croyait à la réciprocité de ce sentiment jusqu'à ce que Strange apparaisse… A son approche, il tourna la tête, mais demeura immobile. Elle s'assit à côté de lui sans dire un seul mot. Pendant un moment, ils gardèrent le silence paisible de deux amis de longue date. — Comme la maison paraît proche, dit enfin Audrey. Du regard, Thomas jaugea la distance qui les séparait de chez lady Tressilian. — Oui, nous pourrions rentrer à la nage. — Oh, non, jamais à marée descendante. Autrefois, Camilla a eu une femme de chambre qui se baignait qu'il pleuve ou qu'il vente et qui adorait le faire quand la marée le permettait. Haute ou basse, il faut que la mer soit étale. Quand c'est le reflux, il vous entraîne au large. Et c'est ce qui est arrivé un jour à cette fille. Heureusement, elle n'a pas perdu la tête, et elle est parvenue de justesse à reprendre pied saine et sauve, à Easter Point. Mais elle était à bout. — Ici, rien n'indique le moindre danger. — C'est sur l'autre rive. Il y a un mauvais courant, au bas de la falaise. Au fait, il y a eu là-bas un suicide manqué, l'année dernière. Un type qui s'est jeté de Stark Head. Mais sa chute a été arrêtée par un arbre, et les gardes-côtes n'ont plus eu qu'à aller le cueillir. — Pauvre diable, marmonna Thomas Royde avec sympathie. Je parie qu'il ne les a pas remerciés. Ça doit être franchement déprimant d'avoir décidé d'en finir et d'être sauvé. On passe pour le dernier des imbéciles. — Peut-être qu'il est bien content maintenant que ça se soit terminé comme ça, murmura Audrey, songeuse. Elle se demandait vaguement ce qu'avait bien pu devenir le désespéré. Thomas tirait de longues bouffées de sa pipe. Il lui suffisait de bouger à peine la tête pour observer la jeune femme. Elle fixait l'eau. Il remarqua son air grave et absorbé. Et aussi les longs cils bruns qui mettaient en valeur le dessin des pommettes, la petite oreille modelée en coquille... Ce qui lui rappela quelque chose — A propos, j'ai retrouvé ta boucle.., celle que tu as perdue hier soir. Il fouilla dans sa poche. Audrey tendit la main. — Oh, merci. Tu l'as trouvée où ? Sur la terrasse ? — Non, près de l'escalier. Tu l'avais sans doute laissée tomber en descendant pour le dîner. J'avais remarqué que tu ne l'avais pas à table. — Je suis heureuse de l'avoir récupérée. Elle la prit. Thomas se fit la réflexion qu'il s'agissait d'un bijou démesuré pour une si petite oreille. Mais les boucles qu'elle portait, cet après-midi-là, étaient de grande taille, elles aussi. — Tu gardes tes boucles d'oreilles même quand tu te baignes, observa-t-il. Tu as peur qu'on te les chipe ? — Oh, ce ne sont que des babioles de fantaisie. Mais je déteste ne pas en porter, à cause de ça. Du doigt, elle effleurait son lobe gauche. Thomas se souvint : — C'est vrai... La fois où le vieux Bouncer t'a mordue. Audrey hocha la tête. (à suivre...)