Le ministère chargé de la Famille a élaboré une stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Des organismes des Nations unies accompagnent ce programme. La violence à l'égard des femmes algériennes continue à alimenter le débat public. Hier, le ministère de la Solidarité nationale et de l'Emploi a engagé une consultation technique autour des résultats de l'enquête nationale que l'INSP (Institut national de la santé publique) a effectuée en 2002-2003. Le département, dirigé par Djamel Ould-Abbès, a invité, pour la circonstance, un panel d'associations féminines, mais aussi la ministre déléguée chargée de la Famille, Nouara Djaâfar. Pour cette dernière, il est impératif de faire un vaste travail de vulgarisation des lois existantes, afin que les femmes sachent qu'elles sont protégées, par une législation très répressive, contre les agressions corporelles ou morales, qu'elles interviennent en milieu familial, professionnel ou tout simplement dans la rue. “Nous devons sensibiliser et informer l'opinion publique sur le phénomène par le biais des médias lourds et de la presse écrite. Nous avons constaté que la plupart des femmes ne connaissent pas les lois”, a insisté la ministre. Elle a soutenu que la prise de conscience des autorités ne peut être efficace en l'absence de relais dans la société, à même de lutter contre ce type de violence. En marge des travaux de la rencontre d'hier, qui a eu lieu au siège du département de la Solidarité nationale, Mme la ministre déléguée chargée de la Famille a développé sommairement le programme d'action du gouvernement — plus particulièrement de son ministère — en la matière. “Nous organisons des ateliers pour former des personnes à même de prendre en charge les problèmes des femmes violentées”. Le ministère qu'elle gère a organisé, au courant du mois de janvier dernier, un premier cycle de formation qui a ciblé des représentants des ministères et associations, concernés par le phénomène. Un deuxième atelier, qui aura lieu prochainement à Alger et à Constantine, sera destiné exclusivement au mouvement associatif. Ces opérations sont intégrées à une stratégie globale qui vise la prémunition des femmes contre la violence, notamment conjugale (plus de 70% des femmes battues sont victimes de leurs conjoints). Ce programme est soutenu par le FNUAP (Fond des Nations unies pour la population), Unifem (Agence des Nations unies pour les femmes) et l'Unicef, qui apportent une appréciable aide technique en vue de réaliser sept enquêtes sur la condition féminine. Mme Nouara Djaâfar a indiqué, en outre, qu'une commission intersectorielle sera installée incessamment pour le suivi de toutes les actions engagées sur le terrain. L'objectif étant de réduire au maximum le nombre de femmes battues, en les incitant notamment à briser le mur du silence et à dénoncer leurs bourreaux, quels que soient les liens de parenté qui les unissent. Son collègue de la Solidarité nationale a abondé dans un sens similaire. Selon lui, “l'éradication de toute forme de violence contre les femmes (…) ne peut être entière que si la victime prend conscience de la gravité de la situation et réagit par tous les moyens légaux mis à sa disposition par le système institutionnel…” L'enquête de l'INSP avait déjà révélé, en 2003, que 80% des femmes battues ont moins de 45 ans. Environ 33% de ces victimes ont un niveau d'instruction relativement élevé. “Les agressions physiques sembleraient plus souvent signalées lorsque l'agresseur est analphabète, tandis que les violences psychologiques seraient plus le fait de personnes instruites”. Le chômage et la pauvreté sont des facteurs favorisant la violence. Plus de 50% des violences déclarées surviennent à domicile. Souhila H.