Résumé de la 2e partie n Abraham Telvy, journaliste au Daily Mirror, décide de déclarer la guerre au gang de la confection féminine et ainsi de venger son père… Totalement insensible à cette gloire soudaine, Abraham Telvy continue son action. Il sait qu'il n'aura pas de repos tant qu'il n'aura pas réussi... 5 avril 1956, 2 heures du matin. Entouré de quelques amis, Abraham Telvy est en train de dîner au Lindy's, à Broadway. C'est le restaurant littéraire à la mode où se réunissent, tard dans la nuit, les journalistes, les acteurs, les écrivains, les artistes. A sa table, Telvy parle avec impétuosité. — Bientôt, je vais frapper le grand coup ! Je révélerai les complicités dont Gondolfo dispose chez les hommes politiques et dans la police. Ses compagnons le regardent d'un air à la fois admiratif et inquiet. Ils savent qu'il est inutile de l'inciter à la prudence... Aucun d'eux ne remarque l'homme attablé, seul, quelques mètres plus loin. Pourtant, ce n'est guère le type de client de l'établissement. Il rumine son chewing-gum entre ses mâchoires épaisses et, dans le journal sportif qu'il a étalé devant lui, il lit avec application le compte rendu d'un match de base-ball... 3 heures du matin. Abraham Telvy et ses amis ont fini de dîner. Ils se lèvent de table, suivis par l'homme au chewing-gum, qui porte un gros paquet sous le bras. Abraham se sépare de ses collègues devant le restaurant et part seul, en sifflotant. Il aime se promener la nuit dans les rues de New York. La ville, si infernale dans la journée, est déserte, aussi tranquille qu'un parc... Il repense à la déclaration télévisée qu'il a enregistrée quelques heures plus tôt. Il est certain d'avoir été particulièrement convaincant, chaleureux. Il approche du but. Bientôt son père sera vengé. Dans son dos, une voix l'interpelle : — Monsieur Telvy ! Monsieur Telvy ! Il se retourne. Deux mètres derrière lui, il y a un individu d'une quarantaine d'années, plutôt corpulent. L'homme fait un geste brusque de la main droite, comme s'il lançait un ballon. Abraham sent immédiatement un liquide froid lui couler sur le visage. Pendant une fraction de seconde il pense à une mauvaise plaisanterie : on vient de lui jeter un seau d'eau à la figure. Et l'instant d'après, c'est l'horreur ! Une douleur atroce lui déchire, lui dévore le visage. Il com-prend et se met à hurler : — Du vitriol ! Au secours ! Des consommateurs du Lindy's se précipitent. On l'asperge d'eau, il est emmené de toute urgence à l'hôpital... Mais c'est trop tard. Sa figure n'est qu'une horrible plaie et, à la place des yeux, il n'y a plus que deux trous sanglants. Le lendemain, en apprenant la nouvelle, toute l'Amérique est traumatisée. Abraham Telvy, le journaliste courageux qui, pour la première fois, voulait aller jusqu'au bout de ses révélations, est aveugle et défiguré. Les gens prennent conscience de la terrible puissance des gangs organisés, qui peuvent frapper qui ils veulent quand ils veulent. Et ils savent que, si on ne fait rien, ce crime restera impuni comme les autres. Mais cette fois, l'opinion réagit. Tous les journaux exigent la vérité. Sur son lit d'hôpital, Abraham Telvy reçoit des milliers de lettres de sympathie, des dizaines de personnes s'offrent pour lui donner un œil. Hélas, la greffe est impossible. Pourtant, au fond de son lit, il trouve la force de sourire. Il sent que son action va enfin réussir. Avril 1956. A la suite de l'agression, le FBI, pressé par l'opinion publique, se décide enfin à ouvrir le dossier Joe Gondolfo, qui dirige depuis des années le racket des fabricants de mode féminine. (à suivre...)