Résumé de la 1re partie n Son usine brûle, M. Smith comprend alors la puissance de l'Association de la protection du travail. Il décide donc d'accepter son marché... Pourtant, le fou existe, et il a décidé qu'entre le gang de la confection féminine et lui, la guerre à mort était ouverte. Abraham Telvy a vingt-huit ans. Il est journaliste, depuis quelques années déjà, au Daily Mirror, le plus grand quotidien américain. Physiquement, il ne paie guère de mine. Il a l'air d'un intellectuel un peu perdu dans la vie. Il est petit, plutôt frêle. Il n'est pas très beau non plus, avec un front disproportionné, démesurément grand, et les cheveux crépus, très bruns, qui surmontent son visage. Mais sous son allure ingrate, il cache un caractère peu banal. Entré au journal pour trier les dépêches, il a gravi rapidement tous les échelons et il est devenu un des rédacteurs les plus en vue. Aussi, en ce jour de janvier 1956, il est décidé. Il entre dans le bureau de son patron pour lui demander une faveur : faire une série d'articles dénonçant le gang de la confection féminine. Le directeur ouvre de grands yeux. — Mais vous êtes fou ! C'est du suicide. Jamais personne n'a osé parler de ça. Même la police n'ose pas mettre son nez là-dedans ! — Moi, je le ferai. Et personne ne m'empêchera d'aller jusqu'au bout... Le directeur du journal essaye pendant un moment de le dissuader, et puis il pousse un soupir. — A votre aise, mon garçon. J'imagine que vous avez vos raisons... Oui, Abraham Telvy a ses raisons, dont il n'a jamais parlé à personne. Seize ans plus tôt, en 1940, il n'était qu'un gamin quand il a perdu son père, qui travaillait comme ouvrier dans un atelier de confection féminine. Il le revoit encore : physiquement, il était plutôt dans son genre, mais on sentait tout de suite que c'était un têtu, un coriace. Souvent, le soir à table, il l'entendait tenir des propos qu'il ne comprenait pas très bien — Tout le monde est à plat ventre devant ces gangsters. Mais moi, je vais fonder un syndicat, un vrai ! Il suffit qu'il y ait quelqu'un de décidé et tous les autres suivront. Et son père a disparu. On a retrouvé son corps deux mois plus tard dans l'Hudson... Le jeune Abraham Telvy en a été bouleversé. Et c'est dans ce seul but qu'il a entrepris des études de journalisme, c'est avec cette seule idée qu'il est entré au Daily Mirror et qu'il a classé des dépêches pendant des années : dénoncer le gang qui a tué son père. Il a déjà enquêté discrètement avec quelques amis, et a réuni une documentation considérable, des preuves accablantes. Mais maintenant que son directeur lui donne le feu vert, il peut enfin se lancer dans la bataille, une bataille sans merci. Quelques jours plus tard, le premier article d'Abraham Telvy paraît. Il fait sensation : c'est la première fois que quelqu'un dit tout haut ce que beaucoup de gens préfèrent oublier ; qu'un journaliste décrit dans les moindres détails la structure et le fonctionnement d'un grand syndicat de gangsters. Abraham Telvy donne même le nom de son chef, un mafioso notoire, Joe Gondolfo, et son adresse, une luxueuse villa des environs de New York. Dans l'article suivant, Abraham Telvy donne plus de précisions encore : les millions de dollars que Joe Gondolfo gagne avec son racket, la date des principaux crimes qu'il a ordonnés. Et il conclut à chaque fois : «Que fait la police ? Qu'attend-elle pour agir ?» Du coup, il devient un des journalistes les plus célèbres d'Amérique. Grâce à lui, le tirage du Daily Mirror fait un bond ; ses papiers sont reproduits dans toute la presse, on lui demande de venir parler à la radio et à la télévision. (à suivre...)