Résumé de la 3e partie n Abraham Telvy est vitriolé. A la suite de cette action, le FBI décide d'ouvrir le dossier Joe Gondolfo, qui dirige le racket des fabricants de mode féminine… Ça ne sera pas facile. Joe Gondolfo est un citoyen respectable. Il habite dans une luxueuse villa de la banlieue de New York. Il va à la messe tous les dimanches et dépense des fortunes pour les organisations charitables. Il possède lui-même plusieurs usines de confection, dont il prétend tirer ses revenus. Pour agir contre lui, il faudrait un commencement de preuve. Or, c'est ce qui semble le plus difficile à obtenir. Les enquêteurs vont voir un à un tous les patrons de la confection féminine new-yorkaise, M. Smith et les autres. Et, chaque fois, c'est le même scénario : des visages fermés, des regards fuyants. — Joe Gondolfo ? Oui, bien sûr, je le connais, comme tout le monde. La presse ne parle que de lui en ce moment. Mais je n'ai jamais eu personnellement affaire à lui... Non, n'insistez pas, inspecteur. Toute cette publicité faite autour de notre profession est plus nuisible qu'autre chose. Moi, je ne demande qu'à travailler en paix... Que faire dans ces conditions ? L'enquête, menée dès le départ sans conviction par le FBI, se heurte au mur du silence. Puisqu'il semble impossible de prendre Gondolfo avec ses activités aux Etats-Unis, les policiers se penchent sur son passé en Italie d'où il a émigré à la fin des années 30. Par l'intermédiaire d'Interpol, les Américains se renseignent auprès de leurs collègues italiens. En Sicile, province dont il est originaire, Joe Gondolfo a été mêlé à l'époque à un certain nombre de crimes. Il est certain qu'il appartenait déjà à la Mafia, mais toutes ces affaires se sont terminées par un non-lieu. Il n'y a rien à espérer de ce côté-là non plus... C'est alors qu'un témoignage capital relance l'enquête après avoir longtemps hésité, un homme, qui tient à garder l'anonymat, déclare aux policiers — Le 5 avril, j'ai tout vu. J'étais sur le trottoir d'en face. Je n'ai pas bien distingué les traits de l'agresseur, mais je l'ai vu lancer le vitriol. Le journaliste est resté une seconde sans bouger, surpris, puis il s'est mis à hurler. L'homme l'a regardé et s'est enfui en portant la main à sa joue droite. «En portant la main à sa joue droite...» Les policiers comprennent immédiatement ce que cela signifie : en lançant l'acide, l'agresseur en a lui-même reçu quelques gouttes. Et cette marque sur son visage est ineffaçable. Avec un tel signe distinctif, il est beaucoup plus facile à retrouver. Des vérifications d'identité à grande échelle sont organisées dans les endroits fréquentés par les truands. Enfin l'enquête avance sur un terrain solide ! Malheureusement, une indiscrétion a lieu dans la police. La nouvelle est immédiatement diffusée dans la presse. Joe Gondolfo est désormais, lui aussi, au courant et a dû lancer ses tueurs à la poursuite de l'homme, pour l'empêcher de parler... Le 28 avril 1956, les policiers découvrent un cadavre dans une chambre d'hôtel minable de Brooklyn. L'homme a été tué d'une seule balle entre les deux yeux. Du travail de professionnel. Sur sa joue droite, il y a quatre petits trous incontestablement produits par de l'acide. Le maillon qui aurait permis de remonter jusqu'à Joe Gondolfo vient de disparaître. Quelques mois passent. L'enquête piétine. Tout le monde est certain que le racket de la confection féminine continue comme avant, et on finit par se dire que rien n'est possible contre un syndicat de gangsters. Seul Abraham Telvy, qui a quitté l'hôpital aveugle et défiguré à vie, poursuit sa croisade en dictant ses articles. Leur ton est de plus en plus violent, de plus en plus amer. C'est alors que les policiers, qui surveillent Joe Gondolfo, apprennent qu'il vient d'acquérir un stock important de viande de porc. (à suivre...)