Résumé de 2e partie n La méchante reine n'eut de cesse de rendre Elisa méconnaissable, en la voyant le roi ne put la reconnaître, elle décide alors de s'enfuir à la recherche de ses frères… Une fois rhabillée et quand elle eut tressé ses longs cheveux, elle alla à la source jaillissante, but dans le creux de sa main et s'enfonça plus profondément dans la forêt sans savoir où aller. Elle pensait toujours à ses frères, elle pensait à Dieu, qui ne l'abandonnerait sûrement pas, Lui qui fait pousser les pommes sauvages pour nourrir ceux qui ont faim. Et justement Il l'a mise en présence avec un de ces arbres dont les branches ployaient sous le poids des fruits ; elle en fit son repas, plaça un tuteur pour soutenir les branches et s'enfonça au plus sombre de la forêt. Le silence était tellement profond qu'elle entendait ses propres pas et le craquement de chaque petite feuille sous ses pieds. Nul oiseau n'était visible, nul rayon de soleil ne pouvait percer les ramures épaisses, et les grands troncs montaient si serrés les uns contre les autres, qu'en regardant droit devant elle, elle eût pu croire qu'une grille de poutres l'encerclait. Jamais elle n'avait connu pareille solitude ! La nuit fut très sombre, aucun ver luisant n'éclairait la mousse. Elle se coucha pour dormir. Alors il lui sembla que les frondaisons s'écartaient. Elle ne savait, en s'éveillant, si elle avait rêvé ou si c'était vrai. Elle fit quelques pas et rencontra une vieille femme portant des baies dans un panier et qui lui en offrit. Elisa lui demanda si elle n'avait pas vu onze princes chevauchant à travers la forêt. — Non, dit la vieille, mais hier j'ai vu onze cygnes avec des couronnes d'or sur la tête nageant sur la rivière tout près d'ici. Elle accompagna Elisa un bout de chemin jusqu'à un talus au pied duquel serpentait la rivière. Les arbres sur ses rives, étendaient les unes vers les autres leurs branches touffues. Elisa dit adieu à la vieille femme et marcha le long de la rivière jusqu'à son embouchure sur le rivage. Toute l'immensité de la mer s'étendait devant la jeune fille, mais aucun voilier ni le moindre bateau n'était en vue. Comment pourrait-elle aller plus loin ? Elle considéra les innombrables petits galets sur la grève, l'eau les avait tous polis et arrondis. L'eau roule inlassablement et moi, je veux être tout aussi infatigable qu'elle. En son for intérieur elle remercia les vagues claires qui roulaient et qui, un jour, la porteraient jusqu'à ses frères chéris. Sur le varech rejeté par la mer, onze plumes de cygne blanches étaient tombées, elle en fit un bouquet, des gouttes d'eau y étaient, accrochées : rosée ou larmes, qui aurait pu le dire ? La plage était déserte mais Elisa ne sentait pas sa solitude, car la mer, vu son changement constant, occupait ses pensées. A la fin du jour, Elisa vit onze cygnes sauvages avec des couronnes d'or sur la tête. Ils volaient vers la terre l'un derrière l'autre, et formaient un long ruban blanc. Vite, la jeune fille remonta le talus et se cacha derrière un buisson, les cygnes se posèrent tout près d'elle et battirent de leurs grandes ailes blanches. (à suivre...)