Résumé de la 27e partie n Amoureux de Abriza, le roi Al-Némân demanda conseil à son vizir qui lui recommanda un soporifique à faire boire à la reine. Alors il se leva et alla à l'une de ses armoires, qu'il ouvrit, et prit un morceau de banj pur, et tellement fort que sa seule odeur eût jeté dans le sommeil, d'un bout de l'année à l'année suivante, même un éléphant. Et il mit ce morceau de banj dans sa poche et attendit que vînt la nuit. Alors il alla trouver la reine Abriza qui se leva pour le recevoir et ne s'assit qu'une fois le roi assis et la permission donnée. Et il se mit à causer avec elle et exprima le désir de boire ; et aussitôt elle fit apporter les boissons et tous les accessoires, tels que fruits, amandes, noisettes, pistaches et le reste ; et le tout dans de grandes coupes d'or et de cristal. Et tous deux se mirent à boire, et à s'inviter jusqu'à ce que l'ivresse eût commencé à se consolider dans la tête d'Abriza. Ce que voyant, le roi sortit de sa poche le morceau de banj et le cacha entre ses doigts ; puis il remplit une coupe et la but à moitié et, discrètement, y glissa le morceau de banj et l'offrit à la jeune fille et lui dit : «O royale adolescente, prends cette coupe et bois cette boisson de mon désir !» Et la reine Abriza, inconsciente, prit la coupe, et rieuse, la but. Elle la but et aussitôt le monde tourna devant ses yeux ; et elle n'eut que le temps de se traîner vers sa couche où, lourdement, elle tomba. Et deux grands flambeaux étaient placés l'un au chevet et l'autre au pied du lit. Et qui sait la mesure de tout ce qui se passa ! Et c'est ainsi que disparut et s'effaça la virginité de la jeune reine Abriza. Une fois sa chose faite, le roi Omar Al-Némân se releva et alla dans la chambre voisine trouver l'esclave préférée d'Abriza, la fidèle Grain-de-Corail, et lui dit : «Cours vite chez ta maîtresse qui a besoin de toi !» Et Grain-de-Corail se hâta d'entrer chez sa maîtresse et la trouva étendue sur le dos et saccagée. Et Grain-de-Corail comprit que les soins étaient urgents ; elle fit la toilette de sa maîtresse et l'aspergea avec de l'eau de rose et lui lava les lèvres et la bouche avec de l'eau de fleur d'oranger. Alors la reine Abriza éternua ; puis elle ouvrit les yeux et se releva sur son séant. Et elle aperçut sa préférée, Grain-de-Corail, et lui dit : «O Grain-de-Corail, que m'est-il donc arrivé ? Dis-le moi. Voici que je me sens défaillir.» Et Grain-de-Corail ne put que lui raconter l'état dans lequel elle l'avait trouvée. Et Abriza comprit alors que le roi Omar Al-Némân avait satisfait sur elle ses désirs et avait consommé en elle la chose irréparable. Et sa douleur et son chagrin furent tels qu'elle ordonna à Grain-de-Corail de refuser à toute personne l'entrée de son appartement et lui recommanda de dire au roi Omar Al-Némân, quand il viendrait demander de ses nouvelles : «Ma maîtresse est malade et ne peut recevoir personne.» Aussi lorsque le roi Omar Al-Némân eut appris la chose, il se mit à envoyer chaque jour à Abriza des esclaves chargés de grands plateaux remplis de mets de toutes sortes et de boissons et des coupes pleines de fruits et de confitures, et aussi des bols de porcelaine remplis de crèmes et de douceurs. Mais elle continua à rester enfermée dans son appartement jusqu'à ce qu'un jour elle se fût aperçue que son ventre grossissait, que sa taille devenait épaisse et qu'elle était certainement enceinte. (à suivre...)