Résumé de la 3e partie n Se faisant passer pour le chevreuil dont il avait découvert le secret, le roi put s'introduire facilement dans la maison, petite sœur lui ayant ouvert la porte. La jeune fille eut peur, quand elle vit qu'au lieu du petit chevreuil c'était un roi qui entrait avec une couronne d'or sur la tête. Mais le roi la regarda avec douceur, lui présenta la main et lui dit : «Veux-tu venir avec moi dans mon palais et être ma femme bien-aimée ? — Oh ! oui, répondit la jeune fille ; mais il faut que le chevreuil vienne avec moi, je ne peux pas l'abandonner.» Le roi dit : «Il restera près de toi tant que tu vivras, et il ne manquera de rien.» En ce moment le chevreuil entra en bondissant ; la petite sœur l'attacha à sa corde de jonc, prit la corde dans sa main, et sortit avec lui de la maison. Le roi emmena la belle jeune fille dans son palais, où la noce fut célébrée avec une grande magnificence, et alors ce fut Sa Majesté la reine ; et ils vécurent longtemps heureux ensemble. Le chevreuil était soigné et choyé, et prenait ses ébats dans le jardin du palais. Cependant la méchante belle-mère, qui avait été cause que les deux enfants avaient quitté la maison paternelle, s'imaginait qu'infailliblement la petite sœur avait été dévorée par les bêtes sauvages de la forêt, et que le petit frère changé en chevreuil avait été tué par les chasseurs. Quand elle apprit qu'ils étaient si heureux et en si grande prospérité, l'envie et la haine se réveillèrent dans son cœur pour l'agiter et l'inquiéter, et elle n'eut plus d'autre souci que de trouver moyen de les replonger tous deux dans le malheur. Sa véritable fille, qui était laide comme les ténèbres et n'avait qu'un œil, lui faisait des reproches et lui disait : «Devenir reine, ce bonheur-là m'appartient, à moi. — Sois tranquille, lui dit la vieille cherchant à l'apaiser, quand il en sera temps, tu me trouveras prête à te servir.» En effet, quand le moment fut venu où la reine avait mis au monde un beau petit garçon, comme le roi se trouvait justement à la chasse, la vieille sorcière prit la figure de la femme de chambre, entra dans la chambre où la reine était couchée, et lui dit : «Venez, votre bain est prêt, il vous fera du bien et vous fortifiera ; vite, avant qu'il se refroidisse.» Sa fille l'accompagnait ; elles portèrent toutes deux la reine convalescente dans l'étuve, l'y déposèrent, puis se sauvèrent en toute hâte, et fermèrent la porte. Elles avaient eu soin d'allumer dans l'étuve un véritable feu d'enfer, afin que la belle jeune reine fût promptement étouffée. Quand cela fut fait, la vieille prit sa fille, lui mit un bonnet sur la tête, et la coucha dans le lit de la reine à sa place. Elle lui donna aussi la forme et les traits de la reine ; seulement elle ne put lui rendre l'œil qu'elle avait perdu. Mais, pour que le roi ne le remarquât point, elle devait rester couchée sur le côté où elle était borgne. (à suivre...)