Constat n La question du livre demeure problématique. Le coût de sa confection est onéreux et les matières premières nécessaires pour sa fabrication sont rigoureusement réglementées. Cela a une incidence déplorable sur son prix en librairie, le rendant presque hors de portée de la classe moyenne. L'équation est simple : plus les taxes sont élevées, plus le livre est coûteux. Si la fabrication du livre s'avère onéreuse, son importation ne l'est pas moins. Les organismes chargés de l'importation butent sur de lourdes taxes et les conséquences ne se font pas attendre : le lectorat se raréfie, la chaîne des librairies se restreint et l'édition s'écroule. En fait, toute la chaîne du livre se trouve affectée. Cela fait des années que l'on parle des problèmes du livre, mais aucune mesure concrète n'est prise pour y remédier. Bien au contraire, des directives et des prescriptions sont émises pour réglementer ou taxer le livre, sans pour autant tenir compte de sa spécificité. Il y a quelques mois, une mesure promulguée par la Banque d'Algérie obligeait les importateurs de livres à présenter un certificat… phytosanitaire, de conformité, d'origine. Le livre est vulgairement associé à une simple marchandise consommable. Il a, aux yeux des responsables, peu de valeurs culturelles ou d'intérêt intellectuel. La dernière mesure restrictive est celle relative au crédit documentaire et contenue dans l'article 69 de la loi de finances complémentaire pour 2009. La mesure consiste à obliger les importateurs de livres et de la presse spécialisée à régler leurs factures d'importation dès l'ouverture du dossier. Auparavant, les importateurs avaient une aisance dans pareilles transactions, c'est-à-dire qu'ils bénéficiaient de facilités de crédits par rapport au paiement des échéances qui s'échelonnaient sur trois ou quatre mois, voire plus. Car, selon les professionnels du livre, cette activité, contrairement aux autres créneaux commerciaux – et cela partout dans le monde – s'exerce de manière à accorder des délais de paiement aux clients : l'éditeur au diffuseur (ou importateur), et le diffuseur au libraire. Cela facilite la transaction. Mais, hélas, une nouvelle disposition de loi est venue entraver davantage l'activité, sachant qu'avec tous les dispositifs édictés et mis en application depuis quelques années, le livre en Algérie est littéralement menacé. La conséquence d'une telle mesure se traduira incontestablement par la pénurie du livre et, du coup, par la cherté du produit lui-même. Le livre continue ainsi d'être pris en otage par des décisions absurdes et injustifiées.