Débandade n L'articke 69 de la nouvelle loi de finances qui vient d'être promulguée, entache, par son contenu, la gestion du livre et menace son avenir. La 14e édition du Sila (Salon international du livre d'Alger) est prévue du 27 octobre au 5 novembre. Sa tenue survient sur fond de tension et de polémique, à un moment où la situation du livre est entachée, notamment par la promulgation de la loi des finances complémentaire 2009, à savoir l'article 69 relatif au crédit documentaire. L'article en soi consiste à obliger les importateurs de livres – et de la presse spécialisée – à régler leurs factures d'importation dès l'ouverture du dossier. Avant, les importateurs jouissaient de facilités dans ce genre de transaction, c'est-à-dire qu' ils avaient des facilités de crédits par rapport au paiement, des échéances qui s'échelonnaient sur trois ou quatre mois, voire plus. Car, selon les professionnels du livre, l'activité du livre, et ce, contrairement aux autres exercices commerciaux, s'exerce partout dans le monde, de manière à accorder des délais de paiement aux clients : l'éditeur au diffuseur (ou importateur), et le diffuseur au libraire. Si les importateurs recourent à pareil mécanisme, c'est pour permettre à leur trésorerie de supporter le coût des frais. Cette nouvelle loi, par son contenu, entache la gestion du livre, sachant qu'avec tous les dispositifs édictés et mis en application depuis quelques années, le livre, en Algérie, est littéralement menacé. La conséquence d'une telle mesure pénalisante se traduit par la rareté du livre et, du coup, par sa cherté. Aussi, estiment les professionnels, il y a le risque de naissance d'une spirale inflationniste, sans compter que des pans entiers de l'industrie du livre encourent la fermeture pure et simple. Réagissant à ce texte qui annihile manifestement la promotion du livre, les professionnels du livre ont adressé une lettre au président de la République, dans laquelle ils font état de leurs inquiétudes quant à l'avenir du livre. Sachant que la réalité du livre est déjà très peu reluisante. Le papier et l'encre, matières premières nécessaires à la fabrication du livre, sont rigoureusement réglementés. Résultat : le livre est, au niveau du coût, inaccessible aux petites bourses et presque hors de portée pour la classe moyenne. Cette loi sera mise en application à partir du mois d'octobre, dès les premières commandes suivant l'application de la loi de finances complémentaire. Si pareille ordonnance est décrétée, c'est que le livre est considéré comme un produit de large et de grande consommation, semblable à une marchandise, alors qu'il ne l'est pas tout dans les faits. Le livre certes revêt une valeur marchande, mais il est un produit spécifique. Il est une exception culturelle. C'est ce que d'ailleurs s'emploient les professionnels du livre à faire comprendre aux décideurs. Ils appellent ainsi à l'amendement de la loi pour une meilleure gestion du livre qui est en soi un produit culturel dont on ne peut se passer.