«Nous constatons que la situation se détériore alors que le processus de décision traîne en longueur», a estimé le sénateur républicain John McCain, hier. «Le président américain doit prendre cette décision, et rapidement. Nos alliés sont mal à l'aise et notre commandement militaire en vient à être nerveux», a ajouté l'ancien candidat à la présidence. La Maison- Blanche a riposté en rappelant que le temps pris par Barack Obama avant de rendre son arbitrage est justifié par la gravité de son choix : envoyer ou non des dizaines de milliers de soldats en renfort dans une guerre qui s'enlise. «Je ne pense pas que les Américains suivent le sénateur John McCain sur ce point», a déclaré le porte-parole de Barack Obama, Robert Gibbs. «C'est important d'écouter et de faire les choses bien», a-t-il ajouté. L'opinion publique américaine est mise à l'épreuve par les pertes en Afghanistan où, ce mois-ci, les troupes américaines ont enregistré leurs pertes les plus importantes depuis le début du conflit en 2001. L'élection présidentielle entachée de fraudes, les manoeuvres politiques entourant l'organisation d'un second tour et l'attentat visant l'ONU à Kaboul, dans lequel 9 personnes ont trouvé la mort hier, n'aident pas à atténuer les doutes liés à la mission américaine en Afghanistan. Et les attentats au Pakistan, dont le dernier, hier, a fait 105 morts et 134 blessés dans un marché de Peshawar, font naître dans le même temps de nouvelles menaces d'instabilité pour le gouvernement d'Islamabad, allié des Etats-Unis. Les républicains voient dans l'accumulation des difficultés le signe que Barack Obama doit répondre favorablement à la demande du général Stanley McChrystal, chef des forces américaines et internationales en Afghanistan, qui réclame 40 000 hommes supplémentaires. Dans le même temps, le sénateur démocrate Russ Feingold est loin d'être isolé quand il affirme qu'il veut que les Etats-Unis réussissent en Afghanistan mais pas à n'importe quel prix. «La sécurité nationale et celle des citoyens américains sont les seules questions qui comptent pour moi», a-t-il dit. En apparence, Barack Obama ne semble pas en phase avec une crise qui s'aggrave, sa prochaine réunion avec ses chefs militaires n'étant programmée que demain. Mardi dernier, il a dit aux militaires en Floride (sud-est des Etats-Unis) qu'il n'allait pas précipiter une décision dont des vies dépendent. Selon l'influent sénateur John Kerry, le président pourrait prendre sa décision avant de partir pour une tournée de huit jours en Asie le 11 novembre.