Désistement n Abdullah a annoncé, hier, qu'en raison des risques de fraude, il ne participerait pas au second tour de la présidentielle qui devait l'opposer au sortant Hamid Karzaï, laissant ce dernier seul en lice et replongeant le pays dans l'incertitude politique. «Pour protester contre le mauvais comportement du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (IEC), je ne participerai pas à l'élection prévue samedi prochain», a déclaré M. Abdullah. Après les fraudes massives en faveur de Karzaï, lors du premier tour du 20 août, l'ancien ministre des Affaires étrangères réclamait notamment le renvoi du chef de l'IEC, chargé de l'organisation du scrutin et considéré comme pro-Karzaï, la suspension de trois ministres ayant fait campagne pour son adversaire. Il demandait également la fermeture des bureaux de vote «fantômes», qui n'avaient pas ouvert le 20 août, mais avaient expédié des urnes pleines de votes fictifs. L'IEC et M. Karzaï, avaient rejeté ces demandes. «Dans ces conditions, le second tour serait encore pire que le premier», a estimé M. Abdullah, soulignant néanmoins qu'il n'avait «pas appelé au boycott», alors que son camp avait menacé de recourir à cette tactique. Laissant ses partisans libres de voter ou non au second tour, M. Abdullah les a appelés à «ne pas descendre dans la rue et à ne pas faire de manifestations». L'annonce du désistement de M. Abdullah a déclenché un débat sur la question de la tenue d'un second tour dans ces conditions. Un des membres de l'IEC, Daoud Ali Najafi, a assuré que le second tour aurait lieu. «Nous devons respecter la loi, celle-ci est claire. Il y aura un second tour», a affirmé M. Najafi. Toutefois, les experts interrogés sont partagés, certains jugent que la loi oblige à tenir un second tour, tandis que d'autres estiment que le problème peut être réglé différemment, par exemple via la tenue d'une Loya Jirga, un conseil traditionnel rassemblant les chefs tribaux au niveau national. Selon des sources diplomatiques, l'éventualité du retrait d'un candidat du second tour n'est pas prévue dans la Constitution, et ce serait donc à la Cour suprême, considérée comme pro-Karzaï, de juger. «Nous sommes partis pour que la Cour dise que l'élection est confirmée et Karzaï élu. Puis ce sera confirmé par l'IEC», estime un diplomate européen ayant requis l'anonymat. «Après, il ne restera plus qu'à saluer le courage de l'un et de l'autre», a ironisé le diplomate, sans illusions sur la crédibilité du processus électoral. M. Karzaï a déclaré dans la soirée qu'il souhaitait que le second tour ait lieu et qu'il regrettait le retrait de son rival. «C'était dans l'intérêt de l'Afghanistan que M. Abdullah et moi avions pris part ensemble à l'élection», a dit le président sortant. Par ailleurs, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est arrivé ce matin en Afghanistan pour s'entretenir avec le président sortant, Hamid Karzaï, et l'ancien ministre, Abdullah Abdullah.