Constat n Les psychiatres sont de plus en plus demandés à l'intérieur du pays, selon le président de l'Association algérienne des psychiatres privés et expert assermenté agréé auprès des tribunaux, le Dr Farid Bouchène. «Faire connaître la psychiatrie à une population c'est déjà extraordinaire, car avant, c'était un tabou. Les gens aujourd'hui pensent au psychiatre dès l'apparition de simples troubles anxieux. A Hassi Dalaâ, une localité reculée de la wilaya de Laghouat, les gens viennent se faire ausculter sans aucun complexe par un psychiatre. Parmi eux, des nomades. Bien que les hôpitaux psychiatriques sur le territoire national fassent de gros efforts, il faut savoir que le gros du travail à l'intérieur du pays se fait par des psychiatres privés. Ce sont les pionniers de la psychiatrie dans l'Algérie profonde. A propos du projet de création de lits psychiatriques dans les hôpitaux généraux, le Dr Farid Bouchène trouve «l'initiative très intéressante, car c'est une façon de banaliser la maladie mentale. Dès lors que le malade est hospitalisé dans un hôpital général, cela veut dire qu'il n'y aura plus cette notion d'aliénation mentale ou de folie et, c'est ce qui se fait partout dans le monde comme à l'étranger où tous les hôpitaux généraux sont dotés de services de psychiatrie». Pour sa part, le Dr Merad Mohamed-Rédha, représentant du ministère de la Santé à la 4e rencontre nationale de psychiatrie, a parlé de structures de pédopsychiatrie. «Cette spécialité existe déjà chez nous pour la prise en charge psychiatrique de l'enfant et de l'adolescent. L'intégration de ce type de soins aux soins primaires au sein de la communauté au niveau des 188 centres intermédiaires de santé mentale sera élargie à l'ensemble des établissements au niveau national», a-t-il indiqué. Concernant la création de lits de psychiatrie dans les hôpitaux généraux, il dira que «cette décision prise par le ministère de la Santé constituera une bouffée d'oxygène et pour les autres hôpitaux psychiatriques et pour les malades qui pourront se faire soigner près de leurs lieux de résidence». La toxicomanie, un facteur aggravant n Abdelmalek Sayah, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, a indiqué que la toxicomanie est un facteur aggravant de la maladie mentale. Il n'a pas manqué, à l'occasion, d'appeler à la création de centres supplémentaires de prise en charge des malades mentaux. «Si l'Etat a pensé à la création de 15 centres de désintoxication pour le traitement des toxicomanes, il devrait penser aussi à la création de centres spécialisés pour la prise en charge des malades mentaux errants, surtout ceux qui pourraient constituer un danger à la sécurité publique», a-t-il estimé, lors de la rencontre mondiale de psychiatrie de Blida. Outre le placement des malades mentaux – qui a toujours constitué un problème crucial chez nous –, il a appelé à la formation de spécialistes pour une bonne prise en charge de cette catégorie de personnes, sachant que le nombre de psychiatres reste très insuffisant.