Mémoire n L'artiste qui a su donner un nouvel élan à la chanson chaouie, était doublé d'un homme de cœur débordant de compassion pour les pauvres. Un vibrant hommage à titre posthume a été rendu au chantre de la chanson chaouie, Katchou, à l'ouverture, mercredi, de la 2e édition du festival culturel local de la chanson et de la musique chaouies de Khenchela. La famille et les proches de l'artiste, les autorités de la wilaya ainsi qu'une pléiade d'artistes ont assisté à cet hommage au grand disparu de la chanson aurassienne. Aux côtés d'Abdallah, fils du défunt Ali Nasri, (le vrai nom de Katchou) et des membres de la troupe de Katchou, des figures de la scène artistique dont Mohamed Tahar Fergani, El-Ayachi Dhib et Mohamed Mahboub ont fait le déplacement à la maison de la culture Ali Souai pour assister à cet hommage. La troupe de Katchou a interprété à l'occasion plusieurs de ses chansons avant d'être remplacée sur scène par les deux artistes Bouzaher Abdelhamid et Nacereddine Horra, créant une ambiance dans le style et l'esprit du défunt artiste. Tous ceux qui ont côtoyé le défunt chanteur Katchou, s'accordent à assurer que l'artiste qui a su donner un nouvel élan à la chanson chaouie, était doublé d'un homme de cœur débordant de compassion pour les pauvres. Pour Zohir Bouzidi, son manager qui est resté à ses côtés pendant 23 ans, Katchou a su donner à la chanson auréssienne sa dimension nationale et a collaboré étroitement avec le chanteur de la même région Hassan Dadi pour moderniser la chanson chaouie par l'introduction d'instruments nouveaux, outre les traditionnelles flûtes et bendir. L'artiste Hassan Dadi évoque, lui, avec une grande émotion la reprise en duo avec Katchou de la célèbre chanson du grand chanteur Aïssa El-jarmouni Eker Ennoughir (lève-toi, on s'en va), lors de l'ouverture de l'édition 2003 du Festival international de Timgad. L'interprétation réussie de cet air mythique, en avait fait pleurer plus d'un au cours de cette soirée, se souvient Dadi. «L'idée était de montrer notre détermination à faire évoluer la chanson chaouie d'une manière collective loin de tout souci individualiste de vedettariat», ajoute Dadi qui signale que c'était là une démarche de ressourcement de la chanson chaouie qui est à l'origine «un chant collectif comme l'attestent fort bien encore les troupes de Rahaba». Musicien et compositeur de plusieurs chansons de Katchou dont celles de son tout premier album Agoujil (l'orphelin), Salim Souhali estime que l'adhésion au début des années 1980 à l'association Thaziri (la lune), vouée à la promotion de la chanson chaouie, a été pour Katchou un tournant décisif. Parolier des chansons interprétées par Katchou depuis son second album Nouara jusqu'au dernier projet non achevé d'album dédié aux handicapés et aux harragas, Omar Joumati souligne que l'artiste qui choisissait avec soin les mots de ses chansons était en train de travailler sur un album qu'il voulait dédier à une jeune handicapée qui s'appelle Amira, mais la mort l'a surpris avant d'achever son œuvre.