Sus le nom d'emprunt de Katchou, Ali Nasri règne en maître sur la chanson chaouie. Avec ses sept albums, qui sont un mélange savoureux de chaoui et de rock, il rencontre un public de plus en plus large, tant à l'intérieur de nos frontières qu'au-delà. Le succès a été pourtant modeste à ses débuts. Son premier tube, Babor Irouh, sorti en 1987, ne dépasse pas l'échelle régionale. Le raz-de-marée est provoqué par Nouara, son deuxième album qui déferlera sur tout le pays et qui constituera le cercle de ses premiers fans. Ce cercle ne cessera de s'étendre, au point de déborder largement du territoire national. Entre-temps, l'arrangement qui avait démarré modestement avec l'orchestre Tazir s'est considérablement enrichi, donnant à la voix du chantre chaoui le support musical adéquat. Le travail est surtout intense entre 1992 et 1993. Le style s'enrichit d'apports musicaux de courants divers, en provenance de pays anglo-saxons, et le timbre de la voix, à force d'entraînement, a gagné en pureté et en vigueur. Ce n'est pas seulement la région est du pays qui est concernée par ce chant venu des Aurès, mais le pays entier et bientôt le Maroc, la Tunisie et même la France. A l'échelle nationale, ce sont des « plateaux variés » composés de chansons en arabe, en kabyle et en chaoui, qui ont fait le bonheur d'un public d'horizons culturels plus variés et plus larges. C'est l'époque des tournées qui emméneront l'artiste à Oran, Alger, Tizi Ouzou, bref aux quatre coins du pays. en Tunisie, à Tozeur, au sud du pays, ses prestations s'inspireront du registre folklorique du pays où il se produit. Et c'est en artiste au sommet de son art, et sous le nom de Katchou, qu'il apparaissait en 2008 au Festival de la chanson amazighe aux côtés de figures célèbres comme Aït Menguellet, Djamel Allam et d'autres. Son vœu le plus cher ? Il nous l'a formulé ce soir où il donnait un concert à Bouira avec les chanteurs Izoran et Fella : chanter en duo avec le chanteur kabyle le plus en vogue, en l'occurrence Aït Menguellet. Né à Batna, Katchou, qui n'hésite pas à introduire une bonne dose de rock pour donner une touche de modernisme sur ses chansons foncièrement chaouies, reste modeste dans ses succès. La gloire, qui lui est venue après d'énormes sacrifices et de travail, ne lui fait pas perdre le nord. Fidèle à ses amitiés comme à la culture qu'il défend dans ses productions, Katchou apparaît comme une figure attachante de notre patrimoine culturel qui resplendit dans ses multiples facettes.