Répression n «Les Egyptiens ont peur de parler. Personne ne veut avoir de problèmes et ne veut voir sa famille subir les conséquences d'une quelconque prise de position anti-pouvoir. Déjà qu'on arrive très difficilement à assurer un revenu décent.» Dans un pays où s'entassent plus de quatre-vingt-quatre millions d'Egyptiens dans la plus forte densité humaine au monde, et où la classe sociale moyenne tend à disparaître pour laisser place à une pauvreté quasi généralisée, il est clair que la cote du gouvernement n'atteint pas les sommets. Le président Hosni Moubarak n'est, à vrai dire, pas le plus populaire des Egyptiens, ni le plus aimé non plus. Ils préfèrent beaucoup plus Aboutrika, par exemple, à lui. Comme tous les pays du monde où les maux sociaux ont pour noms chômage, pauvreté, détérioration du pouvoir d'achat et privations en tout genre, à commencer par la liberté d'expression, l'Egypte d'en bas en a vraiment marre de ses dirigeants politiques. Et si, en apparence tout paraît calme et que les contestations populaires ne font pas réellement l'actualité nationale, les Egyptiens ruminent bel et bien leur colère et leur indignation contre le pouvoir en place qui les a réduits à de simples (sur)vivants obnubilés seulement par la quête du repas quotidien. "Pour tout vous dire, on ne vit pas on survit. Nous souffrons énormément de multiples problèmes qui tardent, depuis des décennies à être réglés. Le président Moubarak et son gouvernement ne sont d'ailleurs pas du tout aimés dans l'Egypte profonde. Même ici au Caire, leur côte de popularité est au plus bas, nous ne pouvons malheureusement rien faire. Nous vivons dans un Etat policier au sens propre du terme. Aucune opposition ou voix discordante n'est permise. Les Egyptiens ont peur de parler. Personne ne veut avoir de problèmes et ne veut voir sa famille subir les conséquences d'une quelconque prise de position anti-pouvoir. Déjà qu'on arrive très difficilement à assurer un revenu décent…", explicitera Imad, chauffeur de taxi. Même ceux qui sont plus proches de la high classe que du petit peuple abondent dans le même sens.. "Franchement, j'en ai marre de ce système si rigide. Notre pays est riche et chaque Egyptien a droit à une vie décente, à un travail qui lui garantit un revenu stable et un bon niveau de vie. Or, en Egypte, seuls ceux qui gravitent dans les hautes sphères du pouvoir sont à l'abri du besoin. Le peuple, lui, peut mourir de faim et se battre pour une simple baguette de pain que cela ne dérangera aucunement Hosni Moubarak et ses subalternes. On arrive même à croire que cela ne changera jamais. Surtout si sa succession revenait à échoir à son fils, Gamal"dit Achraf, éditeur de livres. Autoritaire, despote et à la limite dictatorial du terme, le système Moubarak n'est, aux yeux du peuple égyptien qu'un autre souci en plus dans un pays à l'histoire millénaire qui mérite, certainement, de bien meilleurs dirigeants.