Résumé de 91e partie n Patience Worth, l'«esprit» du XVIIe siècle multiplie les formules sibyllines, les expressions mystérieuses et parle parfois en utilisant des paraboles. Apprenant les manifestations de l'«esprit», les gens accourent chez Mme Curan pour l'écouter ou plutôt pour le lire. Le ouij-da fonctionne sans arrêt, des dizaines de pages sont transcrites. Les personnes qui assistent aux séances posent parfois des questions. Quand elle est de bonne humeur, Patience répond, sinon, elle boude ou alors jette des pointes aux gens qui lui sont antipathiques. Elle parsème ses propos de proverbes et d'épigrammes, vers se terminant par un trait piquant, une raillerie. En voici des exemples caractéristiques. «Les puddings des lords feraient du mal au ventre du porcher.» «Si je t'offre une courge, accepteras-tu de compter les pépins ?» «Crois-tu qu'une fleur pousse chaque jour sur un chardon ?» «Ne monte pas jusqu'aux étoiles pour trouver un caillou.» Patience Worth est également l'auteur de nombreux poèmes, les uns tristes, les autres pleins d'humour. Ainsi : «Ah ! ne m'éveille pas ! Car si mon rêve pouvait apaiser mon âme troublée ; Me refuserais-tu les rêves ? Ah ! ne m'éveille pas ! Si parmi les feuilles où guettent les ombres S'effacent les visages autrefois tant aimés, Et si les nuages, pour moi, ne sont que suaire de chagrin ; Et si je déjoue mon chagrin pour me cacher ; Derrière un sourire ; ou si, en de vains mots, je modèle le sésame de la sagesse – me renieras-tu ?» Patience va aussi «inspirer» à Mme Curan plusieurs ouvrages à caractère historique : The Sorry Thales, dont l'intrigue se déroule en Palestine à l'époque de Jésus, Telka, qui a pour cadre l'Angleterre du Moyen-age, etc. Tous les livres attribués à Mme Curan ont été minutieusement étudiés par les spécialistes de la linguistique et de la littérature sans pouvoir établir avec précision leur origine. Certains pensent qu'ils sont le fruit du subconscient de Mme Curan, d'autres acceptent l'hypothèse «surnaturelle» que l'esprit d'une personne décédée depuis plusieurs siècles puisse dicter ces textes. Concluons cette histoire par cette réflexion de Casper S. Yost, auteur, en 1916, d'un ouvrage sur Patience Worth : «Quant à mettre en jeu le subconscient de Mme Curan, qu'il suffise de rappeler que personne ne peut inculquer un savoir quelconque subconsciemment, à moins qu'il ne l'ait acquis consciemment auparavant, c'est-à-dire par les sens. Or, celui qui, par exemple, n'a jamais vu ou entendu un mot chinois ne peut parler cette langue subconsciemment. Toute information inconsciemment acquise doit l'être d'abord par les sens.» (à suivre...)