Fève n Elle marche longuement, s'enfonçant dans la forêt. Elle finit par trouver une maison, mais point de village. Autrefois, vivait, à l'orée d'une forêt, une jeune fille et ses sept frères. Chaque jour, les garçons partent travailler et font cette recommandation à leur sœur. «N'ouvre la porte à personne !» En effet, des brigands rôdent dans les bois et surtout, il y a des ogres et des ogresses, à la recherche de chair humaine. Les journées de la jeune fille sont monotones. Elle fait le ménage, prépare le repas et s'installe derrière le métier à tisser, travaillant jusqu'au retour de ses frères. Il y a, à la maison, une chatte. Elle a trouvé une fève avec laquelle elle joue. Or, en balayant, la jeune fille trouve la fève et la mange. La chatte l'aperçoit et se met à crier. — Rends-moi ma fève ! Si tu ne me la rends pas, j'urinerai sur le feu ! La jeune fille lui dit. — Voilà une fève ! Mais la chatte refuse. — Rends-moi ma fève ! Si tu ne me la rends pas, j'urinerai sur le feu ! La jeune fille lui donne une poignée de fèves. — Prends ! Mais la chatte refuse. — Rends-moi ma fève ! Si tu ne me la rends pas, j'urinerai sur le feu ! — Je l'ai mangée ta fève. Elle laisse la chatte et vaque à ses affaires, mais l'animal la suit et continue à crier : — Rends-moi ma fève ! Si tu ne me la rends pas, j'urinerai sur le feu ! Enervée, elle lui dit. — Eh bien, urine sur le feu ! Elle croyait qu'elle n'allait pas le faire. Mais la chatte saute sur le kanoun, le foyer creusé à même le sol, et lance un jet d'urine. Le feu s'éteint immédiatement. La jeune fille se demande avec angoisse : «Comment faire pour préparer le repas de mes frères ?» Il ne reste, en effet, aucune braise : et elle n'a pas les moyens de ranimer le feu. «Comment faire ? Comment faire ?» se répète-elle. Elle sait qu'il y a un village non loin de là et elle se dit qu'elle pourrait peut-être s'y rendre pour demander des braises. Elle se rappelle que ses frères lui ont interdit de sortir, mais elle ne peut pas faire autrement. «Après tout, se dit-elle, ils ne sauront rien !» Elle prend une écuelle et, en dépit de l'interdiction de ses frères, elle sort de la maison. Mais au lieu de prendre la direction du village, elle prend celle qui mène vers la forêt. Elle marche longuement, s'enfonçant dans la forêt. Elle finit par trouver une maison, mais point de village. Elle hésite : va-t-elle frapper à la porte ou alors, retourner sur ses pas ? elle a peur et est tentée par la fuite mais elle se rappelle ses frères qui risquent de ne pas avoir de dîner si elle ne rapporte pas de braises. (à suivre...)