Démocratie n Le système de gestion et de gouvernance traditionnel, connu en Kabylie et dans quelques régions du pays, est toujours en vigueur dans la région de Méchtras. Ce système, basé sur le respect mutuel et la concertation, est utilisé pour gérer les affaires de la collectivité dans les domaines socioculturels et économiques. Qu'il s'agisse de fêtes, de waâda, de règlement de conflits de terrain, réconciliation entre citoyens et familles ou enterrement, c'est thajmaâth qui s'en occupe. Cette pratique héritée de génération en génération, est un véritable système qui touche tous les aspects de la vie commune au niveau des différentes fractions. Thajmaâth est généralement présidée par un président élu au suffrage direct pour un mandat bien déterminé. Les présidents des fractions sont épaulés par d'autres membres qui s'occupent de différents aspects liés à la gestion des villages. Ainsi il y a des membres qui s'occupent des achats, d'autres de la livraison du matériel aux gens du village en cas de fêtes ou de décès et d'autres enfin s'occupent des cotisations et du budget. En cas de conflits par exemple, les concernés portent devant le comité de village leur affaire. Ce dernier organise une rencontre, généralement les week-ends, en présence des sages du village pour étudier le conflit et tenter de le régler à l'amiable. Ces comités jouent ainsi un très grand rôle dans la gestion des affaires publiques au niveau des villages. Chaque comité de fraction a ses propres ustensiles de cuisine tels que tasses, assiettes et autres fourneaux, tables, matelas, chaises, groupes électrogènes, et chaque fraction de village a son brancard pour les décès du village. Dans certaines fractions, c'est le comité de village qui s'occupe de toutes les affaires liées à l'enterrement d'une personne décédée et c'est lui également qui s'occupe de l'inhumation (creusement de la tombe jusqu'à sa construction). Il faut souligner dans ce sens que le comité de village achète les matériaux de construction tels que le ciment, les briques, le sable en utilisant les fonds propres de Thajmaâth qui proviennent des cotisations des citoyens. Sur le plan de la discipline, lorsque quelqu'un commet une erreur grave, il est sanctionné. Par exemple, les personnes qui ne se présentent pas lors des assemblées générales des comités de village sans raison valable, payent une amende. C'est dire le degré d'organisation de ces comités de villages qui soutiennent les citoyens en cas de besoin et qui rendent des services immenses à la collectivité. Malgré les bouleversements qu'ont connus la société kabyle en général et la région de Méchtras en particulier, ce système de gouvernance très démocratique demeure un trésor que les anciennes générations essaient d'inculquer aux plus jeunes pour le pérenniser.