L'implication des habitants d'une région par le dialogue et la concertation, permet de réinstaurer la confiance. Le mouvement associatif et la société civile, en général reviennent ces jours-ci au-devant de la scène pour occuper le terrain de la contestation ou encore celui de la proposition. Le citoyen, qui ne peut agir seul face aux multiples problèmes quotidiens a, de nouveau, recours à ce mode d'organisation pour réduire un tant soi peu la pression pour faire face aux injustices qu'il subit dans tous les domaines. Plus que cela, il voit le développement de sa commune peiner sans qu'il puisse y contribuer. En l'absence d'une classe politique frappée depuis quelques années de discrédit, les élections législatives du 17 mai, en témoignent, le citoyen, soucieux de son avenir aussi bien individuel que collectif, s'organise autour de nouveaux cadres en mesure d'apporter les réponses à ses préoccupations. C'est l'une des raisons de ce retour sur la scène d'associations qu'on croyait disparues à jamais, et de nouveaux cadres organisationnels s'inspirant des méthodes anciennes à l'image de Tadjmaâth ou encore du type moderne ONG. Ce réveil de la société civile n'est pas sans mettre à nu certains agissements de responsables sous le couvert de leurs fonctions. «Les gestionnaires des affaires locales et régionales se comportent comme s'ils dirigeaient des propriétés privées», soutenait un membre d'une association pour expliquer «la nécessité d'un contre-pouvoir civil». Plus loin, notre interlocuteur regrettera «l'absence d'une opposition politique dans les assemblée à même d'assumer ce rôle». La confiance entre l'administration et les administrés s'est effilochée au fil des années pour disparaître pratiquement ces dernières années. La classe politique, qui avait, au lendemain de l'ouverture démocratique, suscité tant d'espoir, est aujourd'hui au banc des accusés. Face à cette situation de vide, le simple citoyen se tourne vers le mouvement associatif et les organisations ancestrales, seuls moyens de se faire entendre des responsables en charge des destinées locales, notamment. L'implication du mouvement associatif dans l'orientation et la gestion des affaires locales ne peut être que bénéfique dans une région où la communauté est connue de par son passé par un type d'organisation qui a montré son efficacité dans tous les domaines. Les communes rurales en savent quelque chose à ce sujet. Jadis, l'assemblée ou le comité du village, ont toujours su sauvegarder la cohésion sociale, réduire les inégalités et promouvoir la solidarité. Il y va de même pour le développement du village. L'espace commun est entretenu suivant les orientations du comité. Ces orientations sont adoptées par consensus par l'assemblée générale des villageois adultes. C'était grâce à ces structures traditionnelles que les villageois de Kabylie ont su et pu dépasser les difficultés induites par une nature rude. Toujours d'actualité, Tadjmaâth jouit d'un respect qu'aucune autre structure ou personne ne détient, y compris le maire. Un respect dû, pour l'essentiel, à son intégrité, sa justice, en constituant un rempart face à tous les dépassements. Avec le temps, Tadjmaâth s'est transformée en comité régi par la loi tout en gardant son caractère traditionnel aussi bien sur le plan du fonctionnement que sur celui des objectifs. Certains élus avertis ont su exploiter les avantages de ces structures pour mener à bien leurs missions. Associer les comités de village dans la gestion des affaires communales de quelque nature que ce soit, est aujourd'hui la meilleure façon d'agir et surtout d'éviter les conflits. En Kabylie, lorsque le comité de village donne son accord pour un projet donné, aucun citoyen ne peut le remettre en cause. Agissant par consensus, le comité garantit les droits et devoirs de tout un chacun. N'a-t-on pas qualifié le village kabyle de «petite République»? Autant cette organisation ancestrale est possible et efficace dans les communes rurales, autant n'est peut-être pas le cas en ville en raison du caractère cosmopolite des grandes cités. Les associations de quartiers, de cités arrivent à y remédier même s'il leur est quasiment impossible d'égaler le comité de village en matière d'efficacité. Mais toujours est-il que la dynamique participative dans le développement local et le rôle du mouvement associatif n'est pas à négliger. Les spécialistes estiment qu'«un bon développement économique local» nécessite un accord induisant des compromis avec les acteurs sociaux. Le processus de développement et l'initiation de projets à dimension socioéconomique ne peuvent aboutir sans l'implication de tous les acteurs concernés et les représentants de la société civile. L'approche participative, qui se traduit par l'association du mouvement associatif dans les différentes phases d'identification des besoins locaux et à la définition des projections d'avenir, a, au moins, ceci de positif, c'est qu'il prévient d'éventuels conflits. L'implication des habitants d'une région par la concertation et le dialogue, permet de réinstaurer la confiance induisant un climat de sérénité d'où émergent les idées et les initiatives. Les cadres susceptibles d'être associés à la concertation avec les autorités locales sont ceux concernés directement par le développement local. Autant sont les «comités» de villages dans les communes rurales, autant sont les représentants des agriculteurs, les industriels, les commerçants et artisans, les élus locaux, les associations écologiques, sociales, culturelles et sportives, toutes les associations pour la promotion de développement économique, social et autre, et surtout les mouvements de jeunes qui agissent dans les villes en agglomérations urbaines.