Défi n L'ordre donné par le président américain Obama de déployer 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan lance au Pentagone un défi logistique titanesque sur l'un des terrains les plus difficiles au monde. Selon le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, les premiers hommes devraient arriver en Afghanistan d'ici deux à trois semaines et la totalité sera en place d'ici l'été. Mais au niveau logistique, reconnaît-il, «c'est un défi plus grand que dans le cas de l'Irak», où en 2007 les quelque 30 000 soldats envoyés en renfort par l'administration Bush avaient été déployés en moins de six mois. Selon le secrétaire à la Défense, «la situation en Afghanistan est très différente, dans la mesure où nous ne disposons pas du même type d'infrastructure qu'en Irak. En conséquence, tout doit passer par voie aérienne». Le chef d'état-major américain, Mike Mullen, avait ainsi prévenu avant l'annonce du président Obama que le Pentagone «ne pourrait pas envoyer une brigade par mois à cause des problèmes d'infrastructure». L'Irak est doté d'un port et d'un bon réseau routier. En outre, le Koweït, pays voisin, est un solide allié de Washington où les militaires américains disposent d'une vaste base. A l'inverse, l'Afghanistan n'a pas d'accès à la mer et ses infrastructures routières sont réduites et en piteux état. A l'est du pays, les montagnes compliquent encore l'accès et exigent l'usage d'hélicoptères, qui font cruellement défaut en Afghanistan si l'on en croit les commandants sur place. Au sol, les voies d'approvisionnement venant du Pakistan sont dangereuses. Les convois de l'Otan font régulièrement l'objet d'attaques dans la passe de Khyber par laquelle transitent la majorité des équipements et vivres destinés aux soldats de l'Otan et à la force internationale emmenée par les Etats-Unis en Afghanistan. Autre défi : parvenir à construire rapidement les infrastructures nécessaires à l'accueil des milliers de soldats attendus en renfort. Nombre d'entre eux découvriront un confort spartiate à leur arrivée. Sur la base de l'Otan de la province de Kandahar, bastion historique des talibans, la brigade de l'armée de terre américaine Stryker s'affairait encore fin octobre à construire ses quartiers et manquait de véhicules pour circuler sur la base, trois mois après l'arrivée de ses 5 000 soldats. La tâche du Pentagone est d'autant plus lourde que l'état-major vient d'entreprendre d'envoyer en Afghanistan une nouvelle version de son véhicule blindé résistant aux mines et censé être mieux adapté au terrain accidenté du pays, où les anciens modèles ont du mal à évoluer. D'ici mars 2010, quelque 5 000 véhicules devraient y être déployés.