La coalition internationale serait-elle en train de perdre la guerre qu'elle avait lancée en novembre 2001 en Afghanistan ? Selon les estimations et autres analyses les plus sérieuses, elle n'est pas en train de la gagner. Le constat est tel aujourd'hui que le secrétaire américain à la Défense en est à demander de nouveaux renforts. Robert Gates a espéré, vendredi, que les Etats-Unis envoient avant les élections, l'an prochain, une bonne partie des 20 000 soldats supplémentaires qu'ils comptent déployer en Afghanistan « dans les douze à dix- huit mois ». Ce qui correspond aux analyses les plus pessimistes, et dans leur prolongement, aux prévisions du nouveau président américain, le démocrate Barack Obama, qui avait l'intention de concentrer les efforts de son administration sur la guerre en Afghanistan. Au total, le Pentagone compte envoyer quatre brigades de combat et leurs soutiens, soit « plus de 20 000 soldats », « dans les douze à dix-huit mois prochains », a déclaré le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell. « L'une des choses dont nous avons discuté est la nécessité d'envoyer autant de forces armées que possible avant les élections afin de tenter de mettre en place un environnement sûr », a souligné M. Gates lors d'une réunion à Cornwallis, au Canada, des pays de l'Otan présents dans le sud afghan. « Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que l'un des objectifs les plus importants, et peut-être le plus important en 2009, est la réussite de ces élections » nationales, dont la présidentielle, qui pourraient avoir lieu en septembre, a-t-il relevé. « Nous voudrions obtenir quelques-unes de ces brigades supplémentaires en Afghanistan avant l'élection (...), mais nous n'avons pas encore pris de décision finale », a indiqué M. Gates. Au plan de la guerre proprement dite, et selon les données de la coalition, quatorze insurgés ont été tués au cours des dernières 48 heures en Afghanistan, au cours de deux opérations des forces de sécurité afghanes et de la coalition internationale, dans le sud et l'ouest du pays. Pour ce qui est des élections de l'année prochaine, les Afghans ont commencé à s'inscrire sur les listes électorales et le « défi principal se situe dans le sud » du pays, a souligné le secrétaire à la Défense. Une brigade de combat (3500 à 4000 hommes) de l'armée de terre américaine doit arriver en renfort en janvier et le commandant des forces internationales en Afghanistan (Isaf), le général américain David McKiernan, a réclamé trois brigades de combat supplémentaires ainsi qu'une brigade aérienne (2800 hommes) et des troupes de soutien logistique. Le ministre canadien de la Défense, Peter MacKay a, quant à lui, appelé les autres membres de l'alliance à augmenter leur contribution en troupes dans le sud afghan. La province de Kandahar (sud) « est la région dans laquelle nous serions heureux de voir arriver plus de troupes ». « C'est une région explosive », a-t-il poursuivi, et « nous sommes toujours demandeurs d'un partage du fardeau avec d'autres pays ». « La réalité, c'est qu'il y a d'autres portes de l'Otan auxquelles le président élu, Barack Obama, pourrait frapper en premier », a-t-il ajouté, alors que M. Obama, a indiqué vouloir réclamer plus de troupes aux membres de l'Alliance. Le futur occupant de la Maison-Blanche, pour lequel le front central de la guerre contre le terrorisme se trouve en Afghanistan et au Pakistan, s'est dit favorable à l'envoi de plus de 10 000 hommes en renfort. Au total, pour l'instant, quelque 50 000 soldats d'une quarantaine de pays participent en Afghanistan à l'Isaf (forces internationales en Afghanistan), sous commandement de l'Otan, tandis que de 20 000 autres font partie d'une coalition internationale sous commandement américain. Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis. C'est cette vérité qui semble difficilement acceptable pour certains états-majors qui croyaient à une guerre de courte durée, et au moindre coût. Ce qui n'est pas le cas.