Mesure n Un juge d'instruction espagnol s'est rendu, hier soir, au chevet de la militante sahraouie. Ce juge a été mandaté par la préfecture qui réclame toutes les mesures nécessaires à la «survie» de Aminatou Haïder. Au milieu d'une bousculade, ce juge de garde, accompagné d'un médecin légiste et de policiers, s'est frayé un chemin jusqu'au local de l'aéroport de Lanzarote (Canaries) où est recluse Mme Haïder, suscitant la vive émotion de ses partisans. Après s'être entretenu à deux reprises avec l'activiste, il a quitté l'aéroport dans une grande confusion, indiquant qu'il annoncerait une décision judiciaire dans la nuit. Parallèlement, la préfecture des Canaries a précisé avoir demandé à ce juge de «prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la vie et l'intégrité d'Aminatou Haïder, y compris son hospitalisation». «Le danger que suppose le maintien de son attitude pour sa vie et son intégrité physique, oblige à une action urgente d'assistance sanitaire», a ajouté la préfecture. Une avocate appartenant à l'équipe juridique qui entoure Aminatou Haïder, a assuré, pour sa part, que la militante avait légalement le dernier mot, la loi espagnole sur l'autonomie du patient interdisant toute hospitalisation forcée. Ce nouveau rebondissement est survenu alors que dans la journée, les proches de Mme Haïder avaient averti que sa vie était en danger, qu'elle souffrait de vertiges et de pertes de la vision, au 21e jour de sa grève de la faim. «Son temps est en train de s'achever. Nous ne pouvons plus parler de semaines, mais d'heures ou de jours», avait indiqué, samedi, le médecin qui suit Mme Haïder. Ce dernier, interrogé hier, a déclaré que l'état de la militante n'avait «pas évolué» depuis la veille. «Nous demandons au gouvernement (espagnol) de ne pas jeter l'éponge», a déclaré dans la matinée Fernando Peraita, porte-parole de la plateforme de soutien à Aminatou Haïder. Le Maroc a refusé à deux reprises, vendredi et samedi, d'autoriser le retour au Sahara occidental de la militante, qui a manifesté son intention de poursuivre sa grève de la faim tant qu'elle ne rentrerait pas chez elle. Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, a déclaré, hier, que son pays connaissait des «difficultés» avec le Maroc sur ce dossier. Mais «l'intérêt général doit prévaloir», a-t-il dit. Mme Haïder a été expulsée le 14 novembre du Sahara occidental par les autorités marocaines qu'elle accuse de lui avoir retiré son passeport marocain et s'est mise en grève de la faim deux jours plus tard à Lanzarote. Selon Rabat, elle a refusé d'«accomplir les formalités habituelles de police et renié sa nationalité marocaine» à son arrivée, le 13 novembre, à Laâyoune, principale ville du Sahara occidental. Mme Haïder, visiblement affaiblie, est restée toute la journée d'hier cloîtrée dans une petite pièce fermée. Elle n'en est sortie qu'à deux reprises, en chaise roulante et accompagnée par une personne de son entourage, pour aller aux toilettes.