L'ONU a défendu, hier, le « droit au retour » au Sahara occidental de la militante sahraouie Haïdar, qui a observé son 23e jour de grève de la faim à l'aéroport espagnol de Lanzarote pour protester contre son expulsion par le Maroc le 14 novembre. « J'en appelle au droit d'Aminatou de retourner dans son pays », a déclaré le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, durant une conférence de presse à Genève. Je suis cette affaire (...). Je suis particulièrement préoccupée pour la santé » de Mme Haidar, a-t-elle ajouté, disant « espérer une solution rapide ». Ces déclarations font suite à celles du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui avait réitéré, lundi soir, l'appel lancé la semaine dernière à l'Espagne et au Maroc par le haut-commissaire de l'ONU aux réfugiés pour qu'ils « envisagent toute mesure qui puisse faciliter une résolution du problème et mettre fin à l'impasse actuelle ». La militante sahraouie accuse le Maroc d'avoir « violé le Pacte des droits politiques et civils » de l'ONU, dont l'article 12 stipule que « nul ne peut être arbitrairement privé du droit d'entrer dans son propre pays ». Aminatou Haïdar ira jusqu'à la mort, c'est certain. Madrid au pied du mur « La famille ne va pas intervenir », a assuré son compagnon, Bachir Lekhfawni, interrogé hier à Laâyoune par le quotidien ABC. « Nous attendons son retour, morte ou vive », a-t-il ajouté. « Son retour est certain. Ce que nous ignorons, c'est si elle l'effectuera dans un cercueil. Vu la manière dont se présentent les choses, je vois une fin malheureuse. » A Lanzarote, la situation était inchangée, hier, après qu'un juge mandaté par la préfecture locale pour veiller à la survie de la militante eut décidé, lundi soir, que son état ne justifiait pas pour le moment une hospitalisation et une alimentation forcée, à laquelle Mme Haïdar s'oppose catégoriquement. « C'est ce qui finira sûrement par arriver », estimait toutefois hier un proche de Mme Haidar, alors que les juristes et médecins espagnols sont très divisés sur la légalité d'une telle mesure sans le consentement de la militante. Le gouvernement socialiste espagnol, embarrassé par la tournure des événements, semble toutefois bien décidé à éviter à tout prix le décès de la militante. « Nous ne pouvons pas laisser mourir une personne faute de nourriture, ainsi qu'en conformité avec nos lois, il sera procédé tôt ou tard à son alimentation forcée », a assuré le ministre des Infrastructures et numéro deux du Parti socialiste au pouvoir, José Blanco. Le SOS des enfants d'Aminatou Haïder « Nous voulons le retour de maman ! » En mon nom, Hayat El Kassimi, fille d'Aminatou Haïdar, âgée de 15 ans et au nom de mon frère, Mohamed El Kassimi âgé de 13 ans, je lance un appel à tous les enfants du monde entier pour nous soutenir, et en même temps je lance notre appel à toutes les mamans pour soutenir notre mère, une mère séparée de ses deux enfants et qui est en grève de la faim depuis 22 jours, pour qu'elle puisse revenir à nos côtés et vivre ensemble en toute stabilité. C'est douloureux pour moi et mon frère d'apprendre la mauvaise nouvelle, aujourd'hui, que notre chère maman a pris la décision d'arrêter ses médicaments, c'est dangereux pour elle. Aidez notre chère maman. Evitez la tragédie qui va se percuter négativement sur notre situation psychique et physique. Nous voulons le retour de maman ! Hayat El Kassimi / Mohamed El Kassimi